Selon l’avocat d’affaires Nasreddine Lezzar, au terme de douze années de gestion du complexe sidérurgique, ArcelorMittal a failli dans l’exécution du business plan pour lequel il s’était engagé, et n’a consenti aucun investissement financier bien qu’il ait bénéficié du soutien de l’Etat via les banques.
Dans l’acquisition des actifs d’ArcelorMittal Annaba, la partie algérienne « a fait preuve d’une incompétence au plan managérial et d’une mauvaise gouvernance au plan politique », a estimé aujourd’hui, dans un entretien à El Watan, Nasreddine Lezzar, avocat d’affaires et expert international en arbitrage économique. Selon lui, au terme de douze années de gestion du complexe sidérurgique, ArcelorMittal a failli dans l’exécution du business plan pour lequel il s’était engagé, et n’a consenti aucun investissement financier bien qu’il ait bénéficié du soutien de l’Etat via les banques : « Il (ArcelorMittal, Ndr) n’a procédé à aucun transfert effectif de technologie et n’a fait preuve d’aucune performance managériale. Le complexe est dans le même état où il l’a trouvé, si ce n’est pire. » Et d’ajouter que l’Indien se retire de l’actionnariat de façon anticipée, « en violation du pacte d’actionnaires, et reprend une position contractuelle très confortable dans le cadre d’une assistance technique ». Et dans le cadre du futur contrat d’assistance technique, appelé « contrat de management », le sidérurgiste aura, selon Me Nasreddine Lezzar, une rémunération fixe et aussi une part variable calculée sur la base des bénéfices réalisés.
En clair, explique l’avocat, ArcelorMittal sera associé aux bénéfices mais pas aux pertes : « Dans le pire des cas, il aura sa part fixe qui sera puisée dans le Trésor public si le complexe est en déficit – comme c’est le cas depuis toujours – et sera gratifié comme s’il était actionnaire d’une part proportionnelle aux bénéfices réalisés ! »
L’Etat algérien est le seul perdant
L’avocat d’affaires ajoute qu’ArcelorMittal passe du statut d’actionnaire ordinaire « aux dividendes aléatoires », rétribué uniquement sur les bénéfices et associé aux pertes, « au statut d’actionnaire privilégié, assuré d’une rémunération dans tous les résultats, exonéré de toute participation aux pertes et percevant des dividendes le cas échéant ». Et de conclure : « Le statut est nettement plus confortable vu qu’ArcelorMittal Algérie est en déficit permanent. »
Selon Me Nasreddine Lezzar, ArcelorMittal laisse le complexe El Hadjar et les autres entreprises en déficit. Il en veut pour preuve que si ses actions et sa participation lui procuraient des bénéfices, « il ne les aurait jamais cédés » et encore moins à titre gratuit. Dans cette « affaire », c’est l’Etat algérien qui est perdant, insiste-t-il : « Lorsqu’on acquiert des parts sociales dans une entreprise déficitaire, on acquiert plus de pertes de charges et de dettes que de bénéfices. Toutes les créances impayées du complexe, charges fiscales et parafiscales, fournisseurs, prestataires, salaires… En fait, ArcelorMittal se débarrasse de charges et de déficits accumulés sur le dos de l’Etat algérien. »
Pour rappel, le 7 octobre dernier, Abdesselam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, a annoncé la reprise par le groupe algérien IMetal des parts d’ArcelorMittal Algérie (AMA), ArcelorMittal Pipes & Tubes Algérie (Ampta) et ArcelorMittal Tébessa (AMT).