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De la « khourda » à la « grande compagnie » : le grand écart de Boudjemaâ Talaï sur Air Algérie

Par Saïd Djaafer
mars 15, 2017
De la « khourda » à la « grande compagnie » : le grand écart de Boudjemaâ Talaï sur Air Algérie

 

 Le ministre des Travaux publics et des Transports, Boudjemaâ Talaï a fait l’éloge d’Air Algérie qualifiée de « grande compagnie » qui ne sera pas privatisée. Quelques jours plus tôt, il déclarait que la compagnie était une « Khourda ».

 

 

« Une feuille de route comportant les objectifs à atteindre à la faveur d’une opération de modernisation a été tracée », a indiqué mardi le ministre lors d’un point de presse à l’issue d’une visite de travail et d’inspection dans la wilaya d’Aïn Defla.

 Le ministre a précisé que la modernisation accorde un intérêt accru notamment aux « volets liés à la gestion » et à « la maintenance ». Air Algérie, a-t-il indiqué, au regard de « sa dimension », de « son passé » et des « missions qui lui sont dévolues », Air Algérie est une « grande compagnie ».

 Cet éloge intervient quelques après des propos peu amènes de Talaï sur Air Algérie et ses personnels rapportés par le journal Ennahar et qui ont suscité une grosse colère au sein des syndicats de la compagnie y compris de l’UGTA.

 Le journal Ennahar a supprimé l’article de son site (à la demande du ministre?) mais le diabolique Google l’a conservé en cache. Boudjemaa Talaï y décrit Air Algérie comme une « khourda » – ce qui peut être traduit en français par « un foutoir »- qui a besoin de compétences pour la sauver. 


 

 « J’aiderais Bekkhouche Allache dans la mission de sauvetage d’Air Algérie de la situation où elle se trouve » rapporte Ennahar en ouvrant les « guillemets » et précisant que les déclarations du ministre lui ont été faites en marge des cérémonies organisées par Abdelmalek Sellal, à l’hôtel Aurassi, à l’occasion du 8 mars.

 

 L’homme qu’il faut… pour les employés d’Air Algérie

A la question de savoir pourquoi il a désigné à la tête d’Air Algérie un homme qui a de l’expérience dans le pilotage des avions mais pas dans la gestion, il a répondu (Ennahar ouvre à nouveau les guillemets) : « Allache est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. C’est le seul homme qui connait les frasques (khraïyeb) des employés d’Air Algérie ».

 Boudjemaâ Talaï a exclu mardi, une fois de plus, l’option de la privatisation de la compagnie en assurant que l’objectif du programme de modernisation est de faire en sorte que le passager puisse voyager dans les « meilleures conditions de confort et de sécurité ».

 Pour rappel, le ministre avait déjà sonné la charge le 19 février dernier au moment de l’installation de Bakhouche Allache comme PDG par intérim, en soulignant qu’Air Algérie se « se porte mal » sur le plan financier.

 « Un directeur général, quel qu’il soit, ne peut gérer seul une compagnie de 10.000 personnes avec une flotte d’une cinquantaine d’avions s’il n’y a pas d’équipe autour de lui » avait-il déclaré.

 Air Algérie « est à la limite de perdre de l’argent et elle en perdrait si l’on ne fait pas toute une gymnastique avec le commissaire aux comptes pour faire des transferts de comptes et un système d’évaluation » avait ajouté en relevant que lorsqu’une compagnie commence à perdre son capital, ce sont de « mauvais signaux ».

 

Air Algérie n’est privatisable en l’état…

 

De la «khourda » à la «grande compagnie », Boudjemaâ Talaï est en train de faire le grand écart, estiment des connaisseurs d’Air Algérie. Pour eux, Air Algérie est une entreprise qui n’a pas de politique de réduction des coûts d’exploitation avec un personnel pléthorique et mal formé. La compagnie a besoin d’une « mise à niveau urgente des instruments de gestion et du personnel  avec une politique  commerciale liée aux performances et au marché »

 La compagnie, relèvent-ils, utilise des gros porteur A330 sur des distances de moins de 03h00, ce qui génère, selon eux, des coûts d’exploitation élevés. Une option qui n’est pas cohérente avec le trafic de la compagnie qui est versée, hormis Montréal et Pékin, dans un réseau à moyen-courrier.

 Un expert note en que la question de la privatisation ne se pose pas car la compagnie en l’état actuel n’est pas privatisable. «Air Algérie a besoin de s’associer à une grande compagnie mais pour que cela soit possible il faut des mesures courageuses qui personne ne semble en mesure de prendre ».

 

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