Décès de Mohamed Masmoudi, l'homme de l'union avortée entre la Tunisie et la Libye - Maghreb Emergent

Décès de Mohamed Masmoudi, l’homme de l’union avortée entre la Tunisie et la Libye

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Son nom est associé au projet d’union avorté entre la Tunisie et la Libye, mais il a été aussi un personnage de premier plan dans l’histoire de la Tunisie.  Mohamed Masmoudi, ancien ministre tunisien des affaires étrangères et proche compagnon du président Habib Bourguiba est décédé lundi à Mahdia, en Tunisie, à l’âge de 91 ans.

 Né en 1925 à Mahdia, le défunt a fait ses études au Collège Sadiki avant de les poursuivre en France. Il est déjà aux côtés de Bourguiba dans les années 40 et l’accompagnera dans ses visites dans le monde arabe. Mohamed Masmoudi prend part activement aux négociations pour l’autonomie interne de la Tunisie, fera partie du gouvernement de Taher Ben Ammar en qualité de ministre de l’Economie.

 Au lendemain de l’indépendance, il sera secrétaire d’Etat à l’Information (1958 – 1961), avant d’être dépêché ambassadeur à Paris (1965 – 1970) avant de devenir ministre des Affaires étrangères de 1970 à 1974.

 Mohamed Masmoudi s’implique très fortement dans le projet d’union entre la Tunisie et la Libye a failli mener en 1973-1974 à l’unification de la République tunisienne et de la République arabe libyenne au sein d’un nouvel État qui devait prendre le nom officiel de République arabe islamique (RAI).

 La “déclaration de Djerba” du 8 janvier 1974 qui acte “l’unification” et prévoit un gouvernement présidé par Bourguiba et Mouamar Kadhafi et Hédi Nouira comme des vice-président,  Abdessalam Jalloud comme Premier ministre, Mohamed Masmoudi comme vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères suscité la stupéfaction.

 

 

El Moudjahid critique les “unions factices et éphémères”

 

A Alger, on est plus que réservé. Le journal El Moudjahid soulignait que “les unions factices et éphémères, les constructions artificielles ne transforment pas l’histoire. Pour qu’une région soit affectée par des transformations historiques, il convient que les peuples qui la composent œuvrent ensemble à l’élaboration des changements”.

 Face aux réactions plus que mitigées, Habib Bourguiba entreprend avec prudence – il y avait déjà 30.000 travailleurs tunisiens en Libye – à enterrer le projet d’union. Cela commence par la destitution de Mohamed Masmoudi, le 14 janvier 1974.

 A la fin janvier, après des échanges vifs entre Bourguiba et Kadhafi, le projet est définitivement enterré.  Mais il l’était déjà quand Mohamed Masmoudi, le tunisien le plus attaché à l’union, par conviction que cela aidera fortement l’économie tunisien, a été démis.  Sa carrière politique sera définitivement fini avec lors du congrès du Parti socialiste destourien de septembre 1974 où il sera éjecté du cabinet politique.

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