Le journaliste Mohamed Tamalt est mort dimanche 11 décembre 2016 à l’hôpital Lamine Debaghine (Ex-Maillot) où il avait été transféré, il y a plusieurs semaines, dans un état comateux suite à une grève de la faim. Il avait pris des risques en revenant en Algérie. Il en est mort.
Mohamed Tamalt, accusé d’atteinte aux symboles de l’Etat et au président Abdelaziz Bouteflika, dans des publications partagées sur les réseaux sociaux, dont sa page Facebook, avait été condamné à 2 ans de prison ferme et à une amende de 200.000 Da.
Une fin tragique pour un journaliste, établi à Londres et disposant de la nationalité britannique, qui collaborait à plusieurs journaux arabophones dont El Khabar. Mohamed Tamalt, était connu pour sa grande fougue et sa manière rude d’interpeller les responsables.
Mais ce ne sont pas ses écrits dans la presse qui ont conduit le défunt en prison sous l’accusation d’atteinte aux symboles de l’Etat. Mais ses publications dans une page Facebook intitulée « majalatt essiyak al-arabi » (revue du contexte arabe) où il pourfendait des responsables et lançait des accusations.
Des écrits impubliables dans un journal tenu par les limites fixées par la loi et le code pénal. Mohamed Tamalt ne l’ignorait pas en revenant en Algérie, il risquait gros si la machine des procédures judiciaires se mettait en branle contre lui. Il y avait dans ce retour un coté bravade – et peut-être une perte du sens des réalités – qui a tourné à la tragédie. Car la machine judiciaire a été mise en branle contre lui après son arrestation le 26 juillet 2016, à l’aéroport Houari-Boumediene.
Un juriste qui a vu la page Facebook «majalatt essiyak al-arabi » n’a pas caché son étonnement au sujet du retour de Mohamed Tamalt : «il y a là de quoi se servir pour n’importe quel juge d’instruction ». Et à l’évidence, cela a été le cas.
Les journaux y compris ceux avec qui il collaborait éprouvaient une grande gêne à défendre un journaliste «excessif ». Ils se sont le plus souvent contentés de rapporter l’information de manière neutre et minimaliste.
La procédure judiciaire engagée contre lui, Mohamed Tamalt est entré dans une logique de confrontation et de rupture au péril de sa vie face au pouvoir. Il l’a payé de sa vie.
Les autorités peuvent faire valoir que c’est la loi et qu’elle a été respectée. Mais il y avait clairement une possibilité de « punir » sans aller à la prison ferme à laquelle Tamalt ne pouvait se résigner. Cela n’a pas été le cas. Tamalt a perdu la vie, le pouvoir algérien a perdu encore plus en terme d’image.