Au Maroc, la liberté de la presse se dégrade de plus en plus, des journalistes sont poursuivis et arrêtés, la censure rythme la profession, souligne dans son rapport 2016 Reporters Sans Frontières.
Dans son rapport 2016 sur la liberté de la presse dans le monde, l’ONG française Repports Sans Frontières (RSF), rapporte que »la liberté de la presse se dégrade lentement mais sûrement dans le Royaume du Maroc ». Selon RSF, »les autorités renforcent leur emprise sur les médias afin de les dissuader de couvrir des sujets aussi sensibles que la monarchie, l’islam et le Sahara occidental », alors que »les journalistes et journalistes citoyens sont menacés par la censure, de surveillance, d’intimidation, de lourdes amendes et d’emprisonnement. » Quant aux »médias étrangers, ils ne sont pas épargnés non plus », ajoute RSF. A l’appui de ses affirmations, RSF revient sur plusieurs affaires de poursuites judiciaires contre des journalistes marocains, comme Ali Anouzla ou Maati Mounjib, persécutés dans leur pays, mais également des journalistes étrangers. En 2015, des équipes des télévisions françaises F3 et Canal+ ont été arrêtées en plein tournage dont un reportage sur le cannabis, et expulsées du Maroc. Mohamed Drissi Kamili, directeur artistique du Desk, avait été arrêté et remis en liberté provisoire en décembre 2015 pour avoir donné le numéro de téléphone d’un agriculteur à une équipe de Canal+ qui réalisait un reportage sur la culture du cannabis au Maroc.
Touches pas au »shit »
Le documentaire avait été diffusé par Canal+ le 18 novembre, et intitulé »aux Royaumes du shit ». En 2016, le Maroc pointe à la 131eme position sur un classement qui compte 180 pays. Après avoir rappelé la mise en place de la réforme du code de la presse à travers les projets de »la presse et l’édition », le »statut du journaliste professionnel » et le »Conseil national de la Presse », RSF s’inquiète de ce que ces projets ne soient qu’un coup d’épée dans l’eau. »Les progrès limités notés dans les trois projets de loi sur les médias dévoilés en 2014, sont en danger de devenir obsolètes à la suite de modifications du Code pénal qui sont clairement conçues pour restreindre le droit à l’information des journalistes », explique l’ONG.
Ailleurs au Maghreb, seules la Mauritanie et la Tunisie sont bien »notées ». La Mauritanie est créditée de la 48ème place mondiale avec un score de 24,03 points, suivie de la Tunisie, 96ème mondial avec un score de 31,60 points, alors que l’Algérie pointe très loin à la 129ème place avec 41,69 points, devant le Maroc, et la Libye (164ème, 57,89).