L’Exécutif a ouvert un peu plus les vannes de la dépense sociale durant les deux dernières années, sous la pression d’une conjoncture mondiale pesante et d’une fièvre inflationniste qui ne retombe pas.
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a indiqué, ce matin, lors d’une plénière, à l’Assemblée, consacrée à la présentation de la Déclaration de politique générale, que le budget annuel affecté aux transferts sociaux a dépassé les 5.000 milliards dinars.
Ce montant englobait les transferts sociaux directs et indirects. Cette hausse de la dépense sociale de ces deux dernières années est due particulièrement à la hausse de la dépense fiscale, à 440 milliards de dinars, mais aussi aux différentes mesures en faveur du pouvoir d’achat. Selon le Premier ministre, l’exonération des salaires inférieurs à 30.000 dinars a nécessité une dépense fiscale de 84 milliards de dinars, tandis que la réduction des taux de l’impôt sur le revenu global (IRG) appliqué aux salaires a exigé une dépense fiscale de plus de 195 milliards dinars.
L’institution d’une allocation chômage au profit des demandeurs d’emploi a bénéficié, en revanche, à plus de 1,8 millions de personnes à fin 2022.
Les statistiques d’Aïmene Benabderrahmane montrent ainsi une importante hausse de la dépense sociale de l’Etat, sur fond de tension sur l’offre et les prix mondiaux des produits de base. Cette hausse des cours sur les marchés mondiaux s’est traduite par une augmentation des prix à la production et à la consommation sur le marché interne, participant à une fonte accélérée du pouvoir d’achat des ménages et des entreprises.
Le taux d’inflation et l’Indice des prix à la consommation se sont établis à 9,4% en juillet, en moyenne annuelle. Pour tenter d’enrayer cette fièvre inflationniste, l’Exécutif a concédé quelques revalorisations salariales contenues dans la loi de finances de l’actuel exercice et institué une allocation chômage au profit des demandeurs d’emploi.
Cependant, le Premier ministre n’a soufflé mot sur les nouveaux engagements du Président de la République en faveur du pouvoir d’achat. Abdelmadjid Tebboune a promis de nouvelles revalorisations salariales, une hausse des retraites et des pensions et un relèvement de l’allocation chômage dès 2023.
Les Algériens sont restés sur leur faim sur ces nouvelles promesses qui, de prime abord, serviront à compenser l’écart entre l’évolution des prix à la consommation et celle des rémunérations. Il est vrai que, sur le plan pratique, il serait difficile d’aligner le taux d’évolution des rémunérations sur celui de l’inflation, mais ces nouvelles revalorisations salariales sont les bienvenues pour les fonctionnaires, pris en tenaille entre un pouvoir de vivre en perpétuelle érosion et des salaires en stagnation, autrement faiblement évolutifs.
Cette hausse de la dépense sociale de l’Etat rend pour le moins difficile le coup de rabotage maintes fois annoncé des subventions de l’Etat. Cette révision du dispositif des subventions généralisées devaient se faire courant 2022 mais remise à plus tard, probablement en raison d’une conjoncture trop peu propice au profit d’une réduction des aides de l’Etat.
Ali. T.