Le mouvement est à son début, mais pourrait s’amplifier dans les prochaines saisons. L’enjeu est toujours le même : enseigner le programme français.
Une demi-douzaine d’enseignes huppées de l’enseignement privé de l’Algérois a choisi de passer cet été 2022 de la tutelle contraignante du ministère de l’Éducation à celle de la formation et ont pu bénéficier de leur nouveau registre de commerce et commencer leur activité ce mois de septembre.
Il s’agit, d’après des sources recueillies auprès de parents d’élèves, d’une parade qui permet à ses écoles de poursuivre l’enseignement du programme français pour plusieurs centaines – qui pourraient se compter en milliers d’élèves qui ont décroché avec le programme national obligatoire, y compris dans les écoles privées pour ne suivre que le programme français. Le ministère de l’Éducation nationale avait donné un ultimatum aux écoles privées qui assuraient depuis plusieurs années le double programme à leurs élèves d’abandonner l’enseignement du programme français.
« Le fait d’obtempérer à cette injonction allait nous faire perdre le fil de la scolarité de nos enfants » explique Hamid père de deux filles dans le cycle moyen, qui ne peuvent pas renoncer à poursuivre le programme français, ayant peu de base dans le programme national enseigné en arabe. Des écoles privées ont donc – avec l’assentiment du ministère de l’Éducation nationale ? choisi soit d’ajouter une filiale, soit de changer de nom et de créer une école de formation, généralement en langues, sous la tutelle du ministère de la formation professionnelle, au cahier des charges beaucoup moins contraignant.
Les parents sont prêts à débourser, auprès de leurs écoles privées nouvellement positionnées « écoles de formation », jusqu’à 1500 euros de frais d’inscription sur la plateforme française et une mensualité de 50 000 dinars par mois afin de voir leurs enfants conserver leur progression dans le cycle de l’enseignement du programme français et de ses examens. Ces montants rapprochent sensiblement ces écoles du standard tarifaire du lycée français Alexandre Dumas d’Alger.
Le risque de la déscolarisation
Avec l’interdiction du double programme, le risque s’est épaissi de déperdition de plusieurs milliers d’élèves dont les parents ont investi trop précocement ? sur le départ de leurs enfants à l’étranger après le baccalauréat.
Toutefois un autre biais parasite cette approche de l’enseignement off-shore qui va se développer, c’est celui de la déscolarisation de tous ces élèves de la plateforme du ministère de l’éducation nationale, phénomène qui a débuté les années précédentes mais qui promet de s’amplifier. En effet, les échecs dans le cycle français, dont on parle peu, risque de mettre les enfants dans un no man’s land éducatif. Déscolarisés en Algérie, et inaptes en France. Cette situation rappelle que la loi oblige les parents à scolariser leurs enfants jusqu’à l’âge de 16 ans.