L’annonce d’une visite de l’ex-président israélien Shimon Pérès au Maroc fait grand bruit au sein des ONG locales, qui dénoncent une normalisation avec l’état Hébreu. Mieux, malgré la rupture des relations diplomatiques, Rabat continue de commercer dans le plus grand secret avec Israël.
En dépit des dénégations du gouvernement marocain dirigé par le parti islamiste du PJD (parti de la justice et du développement), le Maroc n’a jamais rompu ses relations commerciales avec l’Etat hébreu. Bien au contraire, Rabat est l’un des tout premiers partenaires économiques d’Israël en Afrique. Un état de fait dénoncé à deux reprises au cours des deux derniers mois par des associations marocaines. Le 21 février dernier, des ONG marocaines ont adressé une lettre au chef du gouvernement, sollicitant son intervention pour mettre un terme aux activités de la société israélienne ZIM au Maroc. Les ‘’indignés’’ marocains ont appelé l’exécutif à respecter ses déclarations selon lesquelles ‘’le royaume n’entretient aucune relation commerciale officielle avec l’entité sioniste’’ et ‘’respecte les résolutions de la Ligue arabe et l’Organisation du congrès islamique appelant à boycotter Israël’’. Le 17 avril denier, une autre grande mobilisation rappelle le gouvernement Benkirane à respecter ses engagements vis-à-vis de l’interdiction de toute relation commerciale avec l’entité sioniste.
Les indignés marocains de Casaport
Ce jour là à Casaport, dans la capitale économique du Royaume, plusieurs associations, syndicats et associations professionnelles regroupés au sein de la ‘’Coalition Marocaine pour chasser la société de transport maritime sioniste ZIM de notre pays’’, ont organisé un sit-in pour exiger le départ de ZIM. Les ‘’indignés’’ marocains estiment en fait que cette société est ‘’un instrument logistique de la normalisation économique’’ avec Israël. Ces associations ont affirmé avoir adressé, mais ans suite, le 7 août 2014 durant l’agression contre Ghaza, une lettre au chef du gouvernement et à ses ministres exigeant l’arrêt de l’activité de la société israélienne ZIM au Maroc. Selon ces associations, les containers de ZIM, qui ‘’accostent régulièrement à Tanger-Med, transportent vers Casablanca à partir de Haifa et d’Ashdod, les produits des industries de l’occupation, ou à partir de leurs succursales aux USA’’. ‘’On est pour le maximum d’échanges’’, avait été la réponse du directeur commercial du port Tanger Med à la question du commerce avec Israël, dans les colonnes du Figaro, qui titrait en juillet 2008 : «Le Maroc veut être un pays modèle pour l’UPM (Union pour la Méditerranée)’’.
Des chiffres têtus
Selon le Bureau central israélien de la statistique, le Maroc est dans les cinq plus grands clients Africains d’Israël. Le volume des importations marocaines d’Israël durant les cinq premiers mois de 2014 avoisine les 3,2 millions de dollars, soit environ 14% du total de ses importations pour cette période. Avec ce volume d’importations, Israël figure au 3ème rang des pays d’importations du Maroc, bien avant les USA, la Chine ou l’Allemagne. Quant aux exportations marocaines vers Israël, elles étaient durant les cinq premiers mois de 2014 en nette baisse de 81%, passant de 28,3 millions de dollars au cours des cinq premiers mois de 2013 à 5,3 millions de dollars. Mieux, le Maroc est le deuxième client d’Israël dans le monde arabe après l’Egypte, et cinquième en Afrique après l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, l’Egypte et la Tanzanie, selon le bureau israélien de la statistique qui ne fait, contrairement à son homologue marocain de l’Office des changes, aucun mystère du développement des relations commerciales maroco-israéliennes. Il est également le sixième fournisseur d’Israël en Afrique derrière l’Afrique du Sud (135,2 millions de dollars), le Ghana (environ 78,7 millions de dollars), l’Egypte (72,5 millions de dollars), la Tanzanie (9 millions de dollars), et la Côte d’Ivoire (5,4 millions de dollars), pour la même période. Officiellement, le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en 2000. Mais, cela ne l’a pas empêché d’autoriser le maintien au Maroc d’un bureau de liaison commerciale.