Depuis le début des déboires de l’ETRHB avec la justice suite à la chute de son patron et ex-compagnon de route du clan Bouteflika, Ali Haddad, les dommages collatéraux engendrés par la quasi-faillite du premier groupe de travaux publics en Algérie se succèdent.
Après les salariés, ce sont, cette fois-ci, les sous-traitants qui « trinquent » en tirant la sonnette d’alarme. Dans une confidence faite récemment à Maghreb Emergent, un délégué syndical du groupe privé nous apprend que les créances de prestataires de services pesaient très lourd dans la balance des dettes. « Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous doivent devons énormément d’argent aux sous-traitants», déclare-t-il.
Et pour cause, tous ceux qui ont côtoyé de près ou de loin le système Ali Haddad et sa gestion des affaires, ont dû remarquer que son modèle économique reposait sur deux piliers : les partenariats avec les entreprises étrangères (via le 51/49) et la sous-traitance. Pierre angulaire de ce système, le recours au deuxième cas-de figure a été érigé au rang de « savoir-faire » chez l’ETRHB, qui en a fait un véritable « outil de travail » dans deux segments : Le transport et les travaux publics.
Selon le témoignage d’un ancien chauffeur routier travaillant pour l’un des plus anciens sous-traitants du groupe à l’ouest du pays, le groupe n’hésitait pas à faire appel à des collaborateurs, ayant pour unique mission, la sélection et la gestion des entreprises de sous-traitance. Bien informé, notre interlocuteur nous a même quelque peu éclairés sur la nature fictive de certaines entités, dont il sollicitait les « services ». « Bon, ça reste un secret de polichinelle, mais il faut savoir que la plupart des boites auxquelles nous avions affaire n’existait que sur le papier», a-t-il assuré.
Il n’en reste pas moins qu’un nombre pléthorique d’entreprises créancières de milliards de dinars existent bel et bien. Tributaires de la situation financière désastreuse de l’ancien empire Haddad, elles sont aujourd’hui au bord de la banqueroute. Au fil de notre enquête, nous en avons identifié quelques-unes.
Mapa Insaat
L’entreprise turque de TP (Travaux publics) s’est fait connaître dans la triste affaire du nouveau complexe sportif olympique de Tizi-Ouzou. Annoncée pour le mois d’août prochain, la livraison du stade de 50 000 places couvertes, implanté au pôle d’excellence de Oued Fali de Tizi Ouzou, était censée intervenir avant 1er trimestre 2020. En juillet 2019, L’entreprise a décidé de libérer ses ouvriers et de quitter le chantier. Alors que le taux d’avancement global des travaux est estimé à 85%, un énième blocage, induit par un problème de financement, a une nouvelle fois retardé la livraison de cet ouvrage. Le sous-traitant turc réclame 160 milliards de centimes pour la poursuite des travaux restants qui lui ont été confiés.
Nesline EURL
Un temps boostée par les projets opérés pour le compte de l’ETRHB, cette entreprise de TP serait aujourd’hui à l’arrêt du fait du non recouvrement de ses créances, alors qu’elle venait de réaliser d’importants investissements en 2017. (Acquisition de 22 machines-camions chez Scania). « Nesline travaillait les yeux fermés pour Ali Haddad », nous apprend notre interlocuteur.
En effet, l’activité de Nesline était concentrée sur le projet de ligne de chemin de fer, dans la région de Tiaret, et plus précisément au niveau du tronçon Mahdia-Relizane. Pour rappel, Cette ligne, qui a coûté au trésor public environ 100 milliards DA, s’étend sur un linéaire de 185 kilomètres sur lequel sont situées les villes de Zemmoura et Mendès dans la wilaya de Relizane, Rahouia, Mechraa Sfa, Dahmouni et Mahdia dans la wilaya de Tiaret, puis Tissemssilt ville.
Kadem Etps et TP MAT
Cette entreprise de TP originaire de la région de Blida a bénéficié d’au moins 2 projets. Le premier -engageant TP MAT aussi- est celui de L’autoroute reliant la ville de Bouinan (Blida) à l’autoroute Est-Ouest au niveau de l’échangeur de Baba Ali.
Le deuxième concerne la ligne de chemin de fer de la wilaya de Sidi Belabbes (commune de R’jem Demmouche, daira de Ras El Ma en 2009). Pour rappel, le groupe ETRHB Haddad y avait lancé en 2008, une unité de production de traverses dont le coût d’investissement s’élève à 1,1 milliard de dinars. Ce créneau, la fabrication de traverses, était auparavant l’apanage de quelques entreprises publiques.
Mouas et Lahrech Benatia
Ces deux entreprises de Transport ont été sollicitées par l’ETRHB depuis quelques années déjà, pour opérer au niveau des carrières, d’agrégats qu’il détient dans les Wilaya de Ain-Defla, Chlef et Sidi Belabbes. A noter que selon notre témoin, le montant des impayés dont l’entité Lahrech Benatia fait face actuellement se chiffre en plusieurs milliards de centimes.
Kheireddine Batache