Cette réorientation de leurs habitudes alimentaires s’explique par la stabilité relative des prix du yaourt.
Depuis le mois de janvier dernier, la consommation de yaourt enregistre une hausse remarquable que nous avons pu vérifier auprès des commerçants et consommateurs à Alger et Bouira. A Alger, plus précisément à Bab El Oued, un commençant tenant un magasin d’alimentation générale nous a affirmé que « les consommateurs achètent de plus en plus du yaourt » si bien qu’« on se retrouve parfois en rupture de stock ». Même son de cloche à Mesdour, dans la wilaya de Bouira. Des commerçants interrogés indiquent que « le yaourt est devenu le produit le plus demandé après le lait et le pain ».
Des producteurs confirment la tendance haussière
Une source à la Laiterie Soummam, implantée dans la zone d’activité de Taharacht, à Akbou (wilaya de Bejaia), et qui fournit plus de 40% du yaourt que consomment les Algériens, nous a confirmé cette hausse de la demande. « Effectivement, la demande a explosé au cours des deux derniers mois », nous a-t-elle confié sous le couvert de l’anonymat.
Installé dans la même zone industrielle, le producteur du yaourt Ramdy vit la même situation. Son carnet de commandes a connu une hausse entre 10 et 15% durant le mois de mars dernier. « La croissance de la commande était à 5% environ en janvier et février, mais au mois de mars, les choses se sont accélérées pour se situer entre 10 et 15% », affirme un responsable de l’entreprise.
La laiterie Hodna basée à M’sila n’est pas en reste. Ses machines tournent depuis quelques semaines à plein régime pour répondre à la demande. « Nous sommes face à une croissance inhabituelle », nous a déclaré un cadre de cette entreprise. Et d’ajouter : « Je n’ai pas encore les chiffres exacts, mais je peux vous confirmer que nos produits ont connu une demande importante au cours des deux derniers mois ».
Le malheur des uns fait le bonheur des autres
L’explosion de la consommation de yaourt s’expliquerait par deux facteurs essentiels. Le premier est la flambée des prix des fruits suite à l’instauration des licences d’importation pour la banane et la pomme. Cette mesure a provoqué en premier lieu la hausse des prix de ces deux produits avant de toucher l’ensemble des fruits dont l’orange, la fraise et même la pomme locale. La cherté des fruits a orienté les consommateurs algériens vers le yaourt qui joue le rôle de roue de secours alimentaire en cette période. Un aviculteur rencontré à Mesdour, dans la wilaya de Bouira, nous a confirmé ce changement forcé des habitudes alimentaires : « Je suis obligé d’acheter des yaourts à la place des fruits. On ne peut plus se permettre ni fruits importés ni ceux produits localement. »
La deuxième raison de cette augmentation de la consommation de yaourt est liée à la stabilité des prix de ce produit. Il est parmi les rares produits alimentaires dont les prix n’ont pas connu une flambée en janvier et février.
Il y a lieu de noter que l’Algérie compte actuellement huit producteurs de yaourt qui mettent sur le marché plus de 100 produits. Il s’agit de Soummam, Danone, Hodna, Trêfle, Betouche, Ramdy, Hadra et Palma Nova.