Je me félicite que mes prévisions parues dans le site www. maghrebemergent.com ont été vérifiées par le P-dg de Sonatrach, Amine MJazouzi , qui a tenu un discours de vérité au même titre que le discours récent du ministre de l’Energie sur la nécessaire révision des prix à travers un débat serein sur les subventions qui doivent être ciblées et non généralisées.
1.- Cela contredit les discours euphoriques qui ont induit en erreur les plus hautes autorités du pays. Je cite le PDG de Sonatrach dans sa déclaration officielle le 26 juin 2016 «avec des prix moyens de pétrole qui ont reculé pour passer de 99,41 dollars en 2014 à 52,13 dollars en 2015, le chiffre d’affaires à l’exportation de la Sonatrach a baissé à 33,19 milliards de dollars en 2015 contre 58,45 milliards de dollars en 2014 (moins 43%) ». Je rappelais dans ces mêmes colonnes que le chiffre d’affaire fin 2015 s’établirait à environ 34 milliards de dollars, le PDG donne 33,19 milliards de dollars. Mais attention, c’est le chiffre d’affaire. L’on doit retirer 20% de charges ce qui nous donne 27 milliards de dollars de profit net en précisant que la baisse d’un dollar en moyenne annuelle occasionnant une perte pour l’Algérie d’environ 600 milliards de dollars. Le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole et le seuil de rentabilité se situe selon les grands gisements anciens et nouveaux, les petits gisements anciens et nouveaux entre 10/20 dollars le baril. A 40 dollars, en moyenne annuelle, le profit net de Sonatrach s’établirait à 21 milliard de dollars.
2.-De toute manière 40/50 dollars l’Algérie devrait connaitre d’importantes tensions budgétaires, l’économie diversifiée si de profondes réformes structurelles sont entamées en 2016 ne verra pas le jour avant 2020. Un discours de vérité s’impose loin de toute sinistrose. L’on devra impérativement faire ses réformes si l’on éviter un retour au FMI 2018/2019. C’est que l’Algérie est confrontée à la perspective d’épuisement de ses réserves, donc à la nécessaire transition énergétique. Le communiqué du conseil des ministres, en date du 6 octobre 2015, a fourni un état des lieux. La production d’hydrocarbures, qui avait plafonné, en 2007, à 233 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), a, par la suite, connu une régression continue pour atteindre 187 millions de TEP en 2012, avant d’amorcer une légère hausse l’année suivante. La consommation nationale de produits énergétiques a quasiment doublé entre 2000 et 2014 (elle atteint 51 millions de TEP), et les réserves d’hydrocarbures s’élèvent à 4.533 millions de TEP (soit 44% des réserves récupérables initiales), dont 1.387 millions de tonnes de pétrole et 2.745 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Etant entendu que le niveau des réserves se calcule en référence au coût, au vecteur prix international et de la concurrence des énergies substituables pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables
3.- Comment mobiliser les ressources financières suivant ces différents scénarios (se pose ici aussi la problématique de la rentabilité future des investissements projetés), le ministère de l’Energie vient de déclarer que les programmes d’ investissement serait d’environ 73 milliards de dollars entre 2015/2020 sans compter plus de 20 milliards de dollars pour la même période pour Sonelgaz: endettement ou puisement dans les recettes de Sonatrach donc baisse des réserves de change, et que restera-t-il aux autres secteurs ? En rappelant que toute décision stratégique relève du Conseil national de l’Energie présidé par le président de la République, un nouveau modèle de consommation énergétique, liée à une autre vision de la politique industrielle (à quel de prix de cession d’énergie pour les unités installées) , des infrastructures/habitat, et de nouveaux comportements des consommateurs, s’impose en urgence. IL doit reposer sur un Mix tenant compte des nouvelles mutations énergétiques mondiales entre 2020/2030, loin du modèle de consommation linéaire du passé, l’actuel en Algérie accélérant l’épuisement des réserves du pétrole et du gaz traditionnel, au rythme de la consommation intérieure (à horizon 2030, la population atteindra 50 millions d’habitants). [email protected]
(*) Le Professeur Abderrahmane Mebtoul expert international, a été directeur d’études au Ministère Energie/Industrie de 1974/2007, ayant publié de nombreuses contributions internationales sur les stratégies énergétiques et membre de plusieurs instituions internationales