Pour l’ancien PDG de Sonatrach, même s’il accepte formellement de geler sa production, l’Irak pourrait s’aligner sur les positions iraniennes et ne pas respecter son engagement dans les faits. Ceci amoindrirait les chances du gel de la production de rééquilibrer le marché pétrolier, explique-t-il.
« Si accord il y a entre les producteurs Opep et non Opep (réunis aujourd’hui à Doha, NDLR), ce sera un accord du gel partiel de la production mondiale dans les six prochains mois », estime Abdelmadjid Attar, ancien ministre et ancien PDG de Sonatrach dans une déclaration à Maghreb Emergent.
Pour rappel, à Doha, où s’est ouverte aujourd’hui la réunion des producteurs de pétrole Opep et non Opep, l’Arabie saoudite a demandé la réécriture du préaccord conclu en février dernier sur le gel de la production de façon à imposer le respect par l’Iran (absent de cette rencontre), de cette mesure destinée à rééquilibrer le marché . Le mécontentement des Russes face à cette nouvelle donne a entraîné la suspension des négociations pendant six heures.
« L’Arabie Saoudite s’était engagée sur le principe de geler sa production et savait pertinemment que l’Iran n’allait pas adhérer à la démarche. La condition posée à la dernière minute par l’Arabie Saoudite traduit une volonté de rétraction. C’est une manière de dire non », juge M. Attar. Pour lui, le premier producteur de pétrole de l’Opep aurait souhaité voir une adhésion (négociable) de l’Iran à cette démarche mais surtout ne pas perdre davantage de parts de production car cela aurait des retombées sur la bataille politique et idéologique dans la région.
« Sans accord au moins partiel, les prix resteront en deçà de 40 dollars »
Pour l’ancien PDG de Sonatrach, les Russes sont déterminés à aller jusqu’au bout des négociations car ils savent qu’un accord partiel pourrait stabiliser les prix autour de 45, dollars et cela les arrangerait.
« La demande pétrolière mondiale a repris son chemin de croissance. Une croissance inférieure à celle des années précédentes mais elle permettrait au prix du brut ne pas tomber sous les 40 dollars », explique M. Attar.
« Attention à l’Irak aussi ! »
Pour M. Attar, un accord, au moins partiel des participants à la réunion de Doha aurait pour effet l’écoulement d’une partie stocks pétroliers ainsi que la reprise des marchés boursiers. Cela hisserait inévitablement les prix à des niveaux moyens. Il souligne le rôle que pourrait jouer l’Irak, (troisième producteur de l’Opep) dans la réussite ou l’échec des démarches visant à rééquilibrer le marché du brut : « L’Irak pourrait souscrire à la démarche (discutée à Doha, NDLR). Cependant, il pourrait continuer à produire au même niveau et même accélérer sa production, vu qu’il se rapproche des positions pétrolières iraniennes. ». Si cela arrivait, cela pourrait avoir des retombées négatives sur les autres pays producteurs, prévient-il.