La disparition d’un avion de la compagnie Air Algérie, qui assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger, dans la nuit de mercredi à jeudi, évoque immanquablement l’hypothèse terroriste, même si aucune information ne permettait, jeudi en fin de matinée, de l’étayer. Malgré une grande discrétion observée par toutes les parties concernées, tous les réseaux de renseignement sont aux aguets, et seront maintenus en alerte tant que cette menace ne sera pas définitivement écartée.
Selon les premières informations, l’avion avait décollé de la capitale du Burkina-Faso, Ouagadougou vers 00 h 40 GMT. Le dernier contact a été établi peu avant 02 h GMT. L’appareil, un airbus A320, devait survoler le nord du Mali ou le Niger, quand le contact a été rompu. Peu auparavant, le commandant de bord avait demandé un changement de cap, selon des informations recueillies par Maghreb Emergent. L’atterrissage était prévu à Alger à 05 h GMT.
Des informations contradictoires ont circulé sur le nombre de passagers, une trentaine, selon certaines sources, 110, selon d’autres. Les passagers seraient en majorité des Français, ce qui nourrit l’hypothèse de l’attentat, la France ayant fait l’objet de multiples menaces depuis le lancement de l’opération Serval, au nord du Mali. Air Algérie s’est contentée, sur son compte twitter, de signaler la disparition de l’avion à 01 H 55.
L’ombre de la crise malienne
Un ancien officier supérieur du renseignement algérien a déclaré à Maghreb Emergent que « la piste terroriste doit être envisagée jusqu’à ce que des preuves permettent de l’écarter ». Pour lui, c’est « presque une procédure » pour tous les services de renseignements. « Il faudra trouver localiser l’avion, analyser ce qui s’est passé, sans écarter aucune hypothèse dit-il. Il a aussi noté que la région du Sahel connait une période cruciale, avec l’accord auxquels sont parvenus les partenaires maliens de la crise mercredi à Alger. Cet accord, qui doit lancer un processus de réconciliation au Mali, devrait être signé dans la journée à Alger.
L’armée française et les ressortissants français dans le sahel font l’objet de menaces émanant d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique et de l’organisation « Mourabitoune », née de la fusion du MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et des « signataires par le sang », de Mokhtar Belmokhtar. Celui-ci avait revendiqué l’attentat qui a tué un soldat français le 17 juillet dans la région de Gao, au Mali. Il avait mené, en janvier 2013, une attaque sanglante contre le site gazier de Tiguentourine, en Algérie, attaque qui avait fait 37 morts étrangers et un algérien.
Menaces persistantes
En visite en Algérie fin 2013, le premier ministre français d’alors, Jean-Marc Ayrault, avait déclaré que la menace terroriste dans le Sahel « n’avait pas été complètement éliminée ». L’opération Serval, menée par l’armée française au Mali, a « permis d’affaiblir considérablement les groupes terroristes présents au Sahel, à commencer par Aqmi », mais n’a pas éliminé la menace, avait-il ajouté.
Les groupes terroristes opérant dans le sahel n’ont toutefois pas l’habitude s’attaquer à des avions. Leur mode opératoire privilégie les raids et les voitures piégées, ainsi que les enlèvements, pour réclamer des rançons.
En mars 2013, un autre accident d’un avion d’Air Algérie avait fait 102 morts à Tamanrasset.