L’année, compliquée, de 2019 ne semble pas avoir d’impact négatif sur l’opérateur téléphonique Djezzy. En effet, ses résultats publiés par le groupe VEON, anciennement Vimpelcom, actionnaire à hauteur de 49%, les 51% restants appartenant à l’Etat algérien, sont plutôt positifs et ne reflètent pas la situation compliquée à laquelle beaucoup d’opérateurs économiques ont été confrontés.
Le revenu global de Djezzy du quatrième trimestre, comme celui de l’année 2019, ont très légèrement reculé. Celui du 4ème trimestre de l’année 2019 par rapport au même trimestre de 2018, passe de 24.1 milliards de DA à 23.3 milliards de DA, soit une baisse de 1.6% (même s’il est en progression par rapport au 3ème trimestre de 2019), et celui de l’année 2019 passe de 94.8 milliards de DA à 92.5 milliards de DA, soit un recul 2.4%.
Selon Veon, ce recul est partiellement dû à la décision de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) de faire baisser à compter du 31/10/2019, les frais d’interconnexion entre les opérateurs de 0.95 DA à 0.65 DA (soit – 30%). Ses frais, appelés également Mobile Termination Rate (MTR), sont dus par chaque opérateur à l’occasion de chaque appel d’un de ses abonnés vers un autre réseau ou un autre opérateur. Son coût est estimé par Djezzy à 300 millions de DA.
Par ailleurs, et pour la première fois depuis 2016, Djezzy a vu son ARPU (Average Revenue per Unit, ou le Revenu Moyen par Utilisateur ou Abonné) augmenter de 7.1%, drivé surtout par sa partie data ou internet mobile. Quant à la marge avant amortissement et paiements des taxes, son niveau est demeuré le même qu’en 2018.
Augmentation des revenus provenant d’internet mobile
Djezzy a enregistré un accroissement de ses revenus provenant de l’échange de données (ou de l’utilisation d’internet mobile), même si le nombre global de ses abonnés s’est rétracté de 7.7% par rapport à 2018, dans un marché très concurrentiel, selon l’analyse des résultats faite par l’opérateur.
Cette croissance, importante, de l’ordre de 41.3%, serait principalement due au segment entreprises. La disparition de deux principaux providers, Icosnet et SLC de Nezzar, ont obligé leurs anciens clients entreprises à se rabattre en partie sur l’internet mobile des trois opérateurs. Cette augmentation du revenu data pourrait également, selon des analystes, trouver son explication dans l’explosion des échanges de données via internet mobile depuis le 22 février 2019 et le début du mouvement de protestation en Algérie. Comme quoi la crise d’incertitude que continue de vivre le pays n’a pas les mêmes répercussions négatives sur tout monde de l’entreprise.
En matière d’investissements, Djezzy annonce un investissement, en 2019, en hausse de 6% par rapport à 2018. Cet effort a surtout servi à l’extension de 9 nouvelles wilayas à la 4G portant le total des wilayas couvertes à 28 wilayas ou 38% de la population.
La croissance du recours à l’internet mobile n’est pas sans conséquence sur la qualité du service et ce pour les trois opérateurs. Selon un spécialiste, ceci serait dû à la sollicitation excessive des seuls câbles sous-marins de connexion d’Algérie Telecom au réseau international. Le câble installé par Orascom Telecom dans les années 2000, reliant Marseille à Alger, avec des extensions vers Annaba et Oran, n’est pas opérationnel depuis 2011, pour des raisons certainement liées au conflit entre le propriétaire de l’époque, Orascom Telecom Holding, et l’Etat algérien au moment de la vente de Djezzy à l’opérateur russe Vimpelcom.
Cette connexion, selon notre spécialiste, d’une capacité de plus de 400 Gigas extensible à 4 Téra, aurait pu soulager Algérie Telecom et les autres opérateurs et améliorer grandement la qualité du service. Il faut ajouter à cela l’absence ou la faiblesse de « serveurs cachés » installées en Algérie pour les sites les plus utilisés, comme Face Book et YouTube par exemple, pour éviter la sollicitation excessive de la bande passante qui relie l’Algérie à l’internet international.
Abdenour Haouati