L’intervention de l’Etat dans le domaine agricole et agroalimentaire s’étend sans cesse, depuis l’arrivée de Abelmadjid Tebboune au pouvoir en décembre 2019. Les lois du libre marché et de la liberté d’entreprendre sont ainsi abandonnées progressivement laissant place aux règles de l’économie dirigée qui marquent leur retour après 34 ans d’abandon des principes du socialisme.
L’Etat redevient un acteur économique majeur dans le pays. Il intervient à travers les entreprises publiques et les organismes étatiques dans tout le secteur agricole et agroalimentaire.
Dès son arrivée au palais d’El Mouradia, le président Tebboune affiche sa volonté de limiter le champ d’action du privé national dans les domaines agricole et agroalimentaire. En effet, moins de six mois après son installation, il décide d’interdire au privé national d’importer de blé et de l’orge. Seul l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), un organisme public, est autorisé à importer ces deux produits. Une mesure qui a été suivie en juin 2022, par une décision du gouvernement d’obliger les producteurs nationaux des céréales bénéficiant des aides publiques de vendre toutes leurs récoles à l’OAIC. Suite à ces mesures, les transformateurs du blé et de l’orge (semouleries, biscuiteries et autres) ont été obligés de passer par l’OAIC pour s’approvisionner en matières premières.
Pour renforcer son emprise sur le secteur, l’Etat reprend la totalité des unités de production des produits alimentaires saisies par la justice ces trois dernières années, dans le cadre de l’opération de lutte contre la corruption. On peut citer dans ce cadre, les conserveries de la famille Mazouz qui détenait la marque ‘’N’gaous’’, l’unité de production des huiles de table de marque ‘’Safia’’ et le projet de construction d’une unité de trituration des graines oléagineuses à Jijel appartenant à la famille Kouninef et autres.
En février 2023 une note, adressée aux banques et établissements financiers, informe de l’interdiction de l’importation des légumes secs et du riz par des opérateurs privés. Une décision qui renforce le retour en force de l’Etat dans le domaine économique. Dans le secteur des céréales et des légumes secs, l’Etat exerce, désormais, un monopole total.
L’Etat a monopolisé également l’importation des viandes rouges et des bovins durant le mois de Ramadhan. Seule l’Algérienne des viandes rouges (un établissement public) était autorisée d’importer la viande rouge et le bovin destiné à l’abatage. Les opérateurs privés quant à eux ont été écartés de l’opération.
Dans le domaine de l’aviculture, le gouvernement est aussi intervenu pendant le mois du Ramadhan pour réduire les prix des aliments du bétail.
Lors du conseil des ministres tenu ce dimanche, il a été décidé de créer un office chargé de l’achat auprès des agriculteurs, de toutes les récoltes agricoles de large consommation, fruits et légumes compris, pouvant être stockées, comme l’oignon, l’ail et la pomme de terre, en vue d’assurer l’équilibre du marché national, estimant que l’effort de l’agriculteur est « une ligne rouge ». La mise en service de ce mécanisme sera assurément un coup dur aux mandataires (intermédiaire entre l’agriculteur et le commerçant du détail). C’est dire, la propension de l’Etat à reprendre son pouvoir dans ces domaines stratégiques.