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Droits de l’homme: L’Algérie en guerre froide avec les institutions de l’ONU

Par Maghreb Émergent
juin 9, 2018
Droits de l’homme: L’Algérie en guerre froide avec les institutions de l’ONU

Les relations entre le gouvernement algérien et les différentes institutions des Nations-unis traversent une zone de turbulence. Les divergences entre les deux parties sur les questions relatives à la protection et à la promotion des droits de l’homme par l’Etat algérien ont atteint des proportions inégalées.

 

Rapporteurs spéciaux, hauts commissariat aux droits de l’homme, le Conseil des droits de l’homme, l’Organisation internationale du travail, groupes du travail sur la détention arbitraire tous ces organes de l’ONU critiquent la situation des droits de l’homme en Algérie et se plaignent des réponses que donnent le gouvernement à leurs recommandations.

Rejetant tous les rapports et les requêtes qui viennent de ces organes, l’Algérie trouve de plus en plus du mal à convaincre et faire passer ses versions des faits. Une difficulté qui se traduit par les réactions ambigües et parfois violentes que donne le gouvernement aux rapports aux de ces organes.

11 rapporteurs spéciaux de l’ONU indésirables en Algérie

En tout 11 demandes de visites émanant des rapporteurs spéciaux et des groupes de travail des Nations attendent le feu vert des autorités algériennes qui tardent à venir. Selon la rapport de l’ONG Humain Right watch l’Algérie a continué en 2017 à ne pas satisfaire à des demandes de visite du pays présentées de longue date par le CDH, notamment pour les rapporteurs spéciaux sur la torture, sur les droits humains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, et sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, ainsi que pour le Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires. Avec son refus d’accorder des autorisations à ces mécanismes onusiens de protection des droits de l’homme, l’Algérie se donne une image d’un pays fermé et hostile à la mise en place des mécanismes internationaux de protection des droits humains. Seuls trois reporteurs ont été autorisés à effectuer des visites de travail en Algérie depuis 2011. Il s’agit des rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression, de celui sur l’accès à la santé et celui du logement décent. Les conclusions du rapporteur spécial sur la liberté d’expression qui a effectué une visite en 2011 ont été rejetées par le gouvernement. Des ONG internationales dont Amnesty International ont demandé au gouvernement algérien de changer sa politique à l’égard des rapporteurs spéciaux en leur adressant une invitation ouverte qui signifie que ces derniers peuvent venir à tout moment enquêter en toute liberté sur une thématique précise liée aux droits de l’homme.

Les migrants le nouveau dossier qui fâche

L’arrivée massive des migrants sur le sol algérien au cours des dernières années, a accentué les divergences entre l’Etat algérien et les Nations-unis. Les opérations d’expulsion massives des migrants menées par les pouvoirs publics au cours des derniers mois, n’ont pas été du goût de haut commissariat des droits de l’homme des Nations-unis. La Porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations a demandé le 22 mai dernier, aux autorités algériennes de cesser immédiatement les expulsions collectives des migrants subsahariens. Dans sa déclaration, la porte parole affirme que l’expulsion collective des migrants est contraire aux obligations de l’Algérie en vertu du droit international des droits de l’homme, notamment la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, que l’Algérie a ratifié. Cette déclaration largement reprise par les médias internationaux a mis en colère les autorités algériennes qui n’ont pas tardé à réagir par la voix de son représentant permanent à Genève qui a exprimé le 25 du mois du mai au Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme la vive désapprobation des autorités Algériennes des propos inacceptables tenus par sa Porte-parole et demander des clarifications sur les raisons l’ayant conduite à faire avec une aussi insoutenable légèreté un tel procès d’intention à l’Algérie.

L’examen périodique universel, l’autre point de divergence

 Au cours du présentation du rapport de l’Algérie en matière des droits de l’homme dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU), le mois de mai 2017, la délégation algérienne eu du mal à défendre son bilan. Les pays chargés d’examiner le bilan de l’Algérie ont formulé le mois de septembre dernier, des critiques sévères à la politique officielle en matière du respect des droits de l’homme. La persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, le refus de l’Algérie de ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, le maintien des restrictions aux droits de réunion et d’association, le retard enregistré dans la ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et autres sont les points noires que l’Algérie est appelée à prendre en charge au cours des 4 prochaines années.

L’OIT emboîte le pas aux autres organes de l’ONU

Contre toute attente, l’Algérie ouvre un nouveau front contre cette-fois, l’Organisation internationale du travail (OIT). La décision de cette dernière de dépêcher le 26 février dernier une délégation en Algérie pour s’enquérir du respect des libertés syndicales a donné le coup d’envoi d’une longue bataille entre les deux parties qui dure à ce jour. Le refus des autorités algériennes d’autoriser la venue de ladite délégation a amené la Commission de l’application des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT), à durcir le ton en décidant le 6 mai dernier d’envoyer une nouvelle délégation de fois-ci de haut niveau pour enquêter sur l’état des libertés syndicales en Algérie et sur le respect des conventions 87 et 88 de l’OIT ratifiées par l’Algérie. Bouleversée par l’attitude de l’OIT, la délégation algérienne participant aux travaux de la Conférence internationale du travail s’est retirée des travaux de la rencontre a annoncé le rejet de la décision de l’OIT. Un rejet qui ternira davantage l’image de l’Algérie sur la scène internationale.

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