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Algérie

En Algérie, le CNES et le gouvernement sur la même longueur d’ondes

Par Mohamed Boukhalfa
novembre 23, 2015
En Algérie, le CNES et le gouvernement sur la même longueur d’ondes

Pas de clivage entre le gouvernement et le Conseil National Economique et Social (CNES), qui a présenté lundi son rapport de conjoncture pour le premier semestre 2015.

 

 Le rapport de conjoncture pour le premier semestre 2015, présenté lundi par le Conseil National Economique et Social (CNES), a largement conforté la démarche du gouvernement, dont six ministres ont assisté à la séance inaugurale présidée par M. Mohamed Seghir Babès, président du CNES. Celui-ci s’est installé au milieu des membres du gouvernement, avec lesquels il a multiplié échanges et amabilités : l’ère où un décalage dominait entre la lecture de la conjoncture économique par le CNES et le gouvernement est révolue.

Ce qui offre un terrain très favorable au ministre des finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui avait présenté, la veille, le projet de loi de finances à l’Assemblée Populaire Nationale et au ministre de l’Industrie, Abdesssalam Bouchouareb, qui a fait une longue intervention. A l’inverse, M. Bakhti Belaïb, ministre du commerce, a été le seul ministre à s’abstenir, contrairement aux autres membres du gouvernement et au gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, qui ont tous participé aux débats.

Le clivage était donc attendu ailleurs. Il est venu de quelques membres du panel, mais sans trop d’excès. Juste de quoi donner un crédit à des séances organisées de manière très convenue. Seule la séance présidée dans l’après-midi par Amar Belhimeur, professeur à la faculté de droit d’Alger, promettait des étincelles.

Statistiques insuffisantes

Youcef Benabdellah, professeur à l’école supérieure des statistiques d’Alger, a tenté d’allumer la première mèche, en relevant qu’en lisant le rapport du CNES, il avait l’impression que « le pays n’est pas en crise ». Des réserves de change de 159 milliards de dollars, pas d’endettement, un chômage autour de dix pour cent, une croissance de trois pour cent : ce n’est pas le tableau de bord d’un pays en crise, a-t-il dit.

Il  aussi déploré que l’économie algérienne demeure l’une des plus spécialisées au monde, et que les avantages comparatifs dont dispose l’industrie algérienne « proviennent tous du sous-sol ». Il s’est aussi demandé si l’Algérie a réalisé ce que signifie la fin des Etats-nations dans le domine économique.

Mouloud Hedir, spécialiste du commerce international, a noté la faiblesse et l’inadéquation des informations disponibles. Il a relevé que la production industrielle n’est disponible que pour le secteur public ; alors que selon le ministre de l’industrie, Abdessalam Bouchouareb, le privé fournit 93% de la production industrielle.

M. Hedir a aussi relevé que les services restent cantonnés dans un générique très vague, alors que la marge y est immense. Les services représentent jusqu’à 60% du PIB de certaines économies performantes, a-t-il rappelé.

One-two-trisme

La comparaison entre l’Algérie et les pays voisins est toujours tentante lorsqu’il s’agit d’évaluer les performances économiques. Maroc et Tunisie exportent près de 70% de produits manufacturés, contre moins de un pour cent pour l’Algérie. En outre, tous les pays de la région compensent le déficit de leur balance commerciale par un excédent de la balance des services.

Plusieurs experts ont cité des exemples similaires, ce que Mustapha Mekidèche, vice-président du CNES et modérateur du premier panel, a réfuté. « Je refuse d’être comparé au Maroc et à la Tunisie », a-t-il dit. Dans une intervention plus proche du one-two-trisme que de l’analyse économique, il a ajouté que l’Algérie a mise en place une infrastructure de bonne facture, nécessaire pour tout développement futur.

Tout aussi satisfait, M. Bouchouareb a déclaré que l’Algérie aura un excédent en ciment dès 2016, et en acier à partir de 2017. Il faudra s’organiser pour les exporter, alors que les ports algériens sont structurellement conçus pour les seules importations, a-t-il dit. Il a admis que des « réformes structurelles doivent être menées », ajoutant : « on les connait ».

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