Pour Hocine Amer Yahia, l’Algérie « n’a jamais su ce que c’est instaurer un climat des affaires favorable, qui constitue en réalité l’essentiel du pacte économique et social de croissance ».
Hocine Amer Yahia, expert en économie et finances, ancien conseiller au ministère de l’industrie, pense que les événements de la semaine passée caractérisés par les clashs entre gouvernement-patronat-syndicat est une « nécessité de changer de cap » et favorable pour le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, pour « mettre un terme à certains dérapages, pour ne pas dire privilèges, dans le souci bien compris de retrouver une certaine crédibilité vis-à-vis de la société dans son ensemble ».
« Je pense que le clash qui a eu lieu entre les différentes parties n’aura pas d’impact sur la vie économique du pays dès lors que le consensus qui était supposé s’établir entre les mêmes parties n’a produit aucun effet palpable sur la productivité du pays et ses exportations hors hydrocarbures », a affirmé Amer Yahia. Et d’ajouter qu’une des raisons d’être mal notée par la Banque mondiale, est que l’Algérie « n’a jamais su ce que c’est instaurer un climat des affaires favorable, qui constitue en réalité l’essentiel du pacte économique et social de croissance ». Mais encore, ce même pacte économique et social « est resté un récit sur un papier, ni d’un côté comme de l’autre, il n’a fait l’objet d’un suivi ou d’une évaluation. On l’a toujours présenté comme un effet d’annonce, mais un effet qui s’estompe de lui-même, qui finit par s’oublier jusqu’au jour où un gouvernement parte et un autre arrive, sans qu’il y ait un bilan à la remise des clés », a-t-il fustigé.
De l’effet d’annonce
Pour notre interlocuteur, le pacte économique et social « n’a jamais constitué une feuille de route pour l’une ou l’autre des parties ». Questionné sur le plan d’action du gouvernement, Amer Yahia estime que ce plan intègre totalement les questions nées de la crise pétrolière et en particulier le souci de revoir le mode des subventions.
Mais, prévient-il, avant de s’attaquer aux transferts sociaux, le gouvernement doit assainir le monde de l’informel, « une œuvre titanesque qui peut coûter encore plus cher ». « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, il faut aller crescendo en réglant d’abord les problèmes plus criards qui se posent », a-t-il souligné.