Alors que système d’aide pour la création d’entreprises s’est généralisé en Algérie, le gouvernement se trouve face à un dilemme : faut-il maintenir tout le dispositif alors que l’horizon est incertain ?
Le système d’aide à la création d’entreprise a mûri. Les erreurs de jeunesse ont été largement gommées, et le système pourrait, à terme, ne plus recourir au budget de l’Etat, les remboursements étant sur le point d’atteindre leur rythme de croisière pour financer les nouveaux prêts. Les secteurs en vogue, lors de la création de l’ANSEJ (Agence de soutien à l’emploi des jeunes) comme le transport ou la location de voitures, ont été abandonnées, saturés ou exclus par l’administration depuis août 2011. De nouvelles tendances sont apparues. Les projets financés en 2014 se concentrent dans l’agriculture pour 22%, contre 10% dans le bâtiment, 11% dans l’industrie, et 28% dans les services, selon Mourad Zemali, directeur général de l’agence.
L’administration a mis en place de nouvelles conditions, comme l’obligation d’une formation pour tout postulant à l’aide. A défaut, l’ANSEJ propose elle-même une formation, mais elle n’accorde plus d’aide pour ceux qui n’ont pas la qualification nécessaire pour assurer le fonctionnement de leur entreprise. Les rouages sont aussi bien huilés. Entre le dépôt du dossier et l’avis de la commission qui le valide pour ouvrir droit aux aides de l’Etat, il y a un délai de quinze jours au maximum. La banque donne une réponse dans un délai d’un mois. Au final, un dossier bien ficelé peut aboutir au bout de deux mois. Dans certaines wilayas, il n’y a plus de dossiers en attente.
Accompagnement
De nouvelles facilités peuvent intervenir ensuite, comme les possibilités de refinancement par l’ANSEJ elle-même ou par l’ANDI (Agence Nationale du Développement), quand l’activité prend de l’envergure. Mais la tendance « est plutôt à la difficulté de trouver des marchés, face à la concurrence d’entreprises plus anciennes, donc plus qualifiées ». Beaucoup de jeunes n’arrivaient pas à s’installer sur le marché. Le gouvernement a mis en place un dispositif contraignant, réservant 20% des marchés publics aux jeunes entrepreneurs. En 2014, ceci a représenté deux milliards de dinars, réservés aux entreprises créées dans le cadre de la CNAC et l’ANSEJ. 2.700 projets en cours de réalisation dans le cadre de marchés publics ont été confiés à ce type d’entreprise. En 2014, l’engouement envers l’ANSEJ n’a pas faibli. 41.000 entreprises créées, avec 83.000 emplois, et 52.000 demandes ont été enregistrées jusqu’à fin novembre.
Polémique sur les coûts
La grande polémique portait sur deux aspects, le coût du dispositif et le taux de mortalité des entreprises créées dans ce cadre. La rumeur fait même état d’argent pris et détournée à d’autres fins, sans remboursement. Au total, le système ANSEJ a coûté au budget de l’Etat 260 milliards de dinars (trois milliards de dollars) en 17 ans, selon Mourad Zemali. La démarche a permis de créer 320.000 entreprises et 770.000 postes de travail. Le coût de chaque emploi pour l’Etat est de 3.900 dollars, contre 9.370 dollars pour chaque entreprise créée. Les financements ne sont pas trop lourds, selon M. Zemali. 84% des projets nécessitent un investissement de moins de cinq millions de dinars (60.000 dollars), et 62% moins de trois millions de dinars (moins de 40.000 dollars).
Quant aux remboursements, ils dépassent 75%, selon le DG de l’Agence, qui fait état de quelques cas, quinze à vingt personnes en détention, pour avoir tenté de détourner l’argent de l’ANSEJ. Il y a « moins de cinq pour cent d’échec », dit-il. Selon lui, le système fonctionne si bien qu’il sera bientôt possible de ne plus recourir à des fonds publics supplémentaires, avec la possibilité de financer de nouveaux projets avec les remboursements des projets antérieurs. D’ores et déjà, 20.000 projets ont été financés avec les remboursements, a indiqué M. Zemali.