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En Tunisie, l’économie a besoin d’une réforme de toute urgence (experte)

Par Maghreb Émergent
janvier 15, 2018
En Tunisie, l’économie a besoin d’une réforme de toute urgence (experte)

« Les nouvelles mesures d’austérité concrétise une certaine pression fiscale, amplifiée cette année de 22% », explique l’experte. 

Avec des indicateurs économiques inquiétants, dont un endettement et un déficit commercial aggravés fin 2017, certains experts locaux ainsi que des institutions mondiales, dont le Fonds monétaire international (FMI), considèrent que la situation en Tunisie est alarmante et exige que la nouvelle loi de finances pour 2018 prévoie des réformes de toute urgence. 

Cette nouvelle loi des finances a déclenché une vague de colère populaire en Tunisie tout au long de la semaine dernière, avec des mouvements de protestation à travers le pays accompagnés par des affrontements nocturnes entre des policiers et des jeunes ayant profité de la situation pour commettre des actes de pillage et de vandalisme. 

Plus de 800 personnes ont été interpellées pour actes de pillage et de destruction de biens publics et privés. 

Alors que les citoyens ont manifesté leur mécontentement quant à la hausse, entre autres, des prix des carburants, des cartes de recharge téléphoniques et de certains produits cosmétiques, les chefs d’entreprises ont également refusé une majoration de 1% de la TVA et d’autres augmentations du côté des tarifs douaniers appliqués à des produits importés. 

« Ce qu’on a vécu dernièrement au démarrage du nouvel an s’explique essentiellement par le refus des Tunisiens, toutes classes sociales confondues, de certaines dispositions de la nouvelle loi des finances portant sur la hausse des prix de certains produits de consommation, la hausse des impôts et taxes ayant un effet direct sur le pouvoir d’achat, déjà affaibli », a commenté Wafa Ben Abdallah, experte tunisienne en économie et politique monétaire. 

Dans un entretien avec Xinhua, l’experte tunisienne estime que l’actuel gouvernement de Youssef Chahed est dos au mur avec un endettement de presque 70% du PIB et un déficit budgétaire d’environ 6%. 

« Les nouvelles mesures d’austérité concrétise une certaine pression fiscale, amplifiée cette année de 22% », a-t-elle expliqué. 

Le gouvernement tunisien entend utiliser une approche d’austérité en 2018, suivant certaines directives du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. 

Cette dernière prévoit une croissance de 2,7% en Tunisie pour 2018, contre 3% selon les estimations du gouvernement de Youssef Chahed. 

« Afin de bien serrer les coudes durant l’exercice 2018 une fois la croissance espérée non réussie, le gouvernement tunisien a décidé de geler les recrutements dans la fonction publique et tenté de maîtriser la masse salariale, [qui atteint 15 milliards de dinars (6,145 milliards de dollars)], soit environ 70% du volume du budget public de l’Etat », a indiqué l’analyste tunisienne Wafa Ben Abdallah. 

Selon un rapport du FMI, la masse salariale en Tunisie, parmi les plus élevée au monde, représente presque 14,4% du PIB. 

« La conjoncture économique actuelle mettra le gouvernement d’union nationale dans l’obligation de suivre une politique d’austérité, avec notamment une flagrante dépréciation du dinar qui franchi, dans les cinq dernières années, la barre de 40% », a estimé Mme Ben Abdallah. 

Pire encore, le déficit commercial de la Tunisie serait en courbe ascendante pour toucher 16 milliards de dinars (6,6 milliards de dollars), l’équivalent de 103 jours d’importation en devises, sans oublier le taux d’inflation, de l’ordre de 6,3% à la fin de l’année 2017. 

L’experte tunisienne a mis en garde contre les répercussions néfastes de cet état des lieux sur la situation socio-économique générale du pays, et plus précisément du côté de certains vecteurs tels que le tourisme, principal moteur de la croissance de ce pays à la fois nord-africain, arabo-musulman et sud-méditerranéen. 

« Personnellement, je vois que la Tunisie [sera] en pleine turbulence socio-économique et financière si jamais le gouvernement de Youssef Chahed [n’aboutit pas] dans de brefs délais à des solutions concrètes et efficaces portant principalement sur des réformes structurelles du système fiscal, outre la lutte contre la fraude fiscale, le commerce parallèle, la contrebande et la corruption », estime Mme Ben Abdallah.

 

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