Nareva, société marocaine de production d’électricité, va réaliser un projet énergétique dans la ville de Boujdour, au Sahara Occidental, territoire non autonome selon les résolutions onusiennes. Nareva, une holding de la SNI, propriété de la famille royale, compte investir près de 400 millions d’euros dans ce projet.
Il s’agit d’un parc éolien, dit Aftissat, de 201,6MW, et qui doit être mis en service en décembre 2018. Selon un communiqué de Narena, le taux d’intégration industriel marocain du projet sera de l’ordre de 60%. Le projet est situé au sud de Boujdour, une ville côtière située au Sahara occidental, où un référendum d’autodétermination pour décider de l’avenir politique du territoire est bloqué par le Maroc, force occupante selon l’ONU, depuis 1992. Nareva lance ainsi au Sahara Occidental son cinquième projet comme producteur indépendant. L’électricité produite est destinée aux cimentiers à capitaux mixtes franco-marocains LafargeHolcim Maroc, l’Office marocain des phosphates (OCP), la société de sidérurgie Sonasid (filiale de la SNI), Ciment du Maroc, Air Liquide Maroc ou Managem. Ce futur parc éolien, dont le coût est de 4 milliards de dirhams, est un projet de production privé ‘’IPP’’ dans le cadre de la loi 13-09, conduit par la société EEM, détenue à 75% par Nareva et 25% par la Caisse des retraites marocaine CIMR. La loi 13-09 est une loi obéissant aux régimes spécifiques pour la production d’énergies renouvelables notamment la production privée (IPP, ou independant power producer).
Un parc éolien dans un territoire occupé
L’article 2 de cette loi a libéralisé la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. En outre, la loi 13-09 a permis au secteur privé d’investir dans la production d’électricité renouvelable afin de vendre sur le marché national ou même international. Ce qui ne manquera pas de poser quelques problèmes politiques, l’exploitation des richesses du Sahara Occidental étant interdite par l’ONU. D’autre part, le financement de ce projet est assuré par un apport en fonds propres des actionnaires d’EEM et des dettes bancaires consenties par un consortium marocain composé d’Attijariwafa bank, également proche de la holding royale ‘’SNI’’, et de la Banque Centrale Populaire (BCP), dont le »top » management est désigné par le palais royal. Sans autre de précision sur le montage dans le communiqué de Nareva. Ce projet va également construire une ligne électrique 400 kV sur 250 km afin de connecter ce futur parc éolien au réseau de distribution de l’ONEE, via un poste à Layoune, capitale du Sahara Occidental occupé. « Cette nouvelle réalisation portera la puissance totale installée par Nareva dans le cadre de cette loi (13-09) à 505 MW », ajoute le communiqué de la société, dirigée par Ahmed Nakkouche, ex-directeur général de l’ONEE.