Les feux de forêts qui dévorent depuis maintenant un mois tout le nord de l’Algérie, et menace ce mercredi la vie des villageois de Tizi N’tifra dans la wilaya de Béjaia, repose en des termes dramatiques l’abandon dans les années 2012 de l’option des bombardiers d’eau dans la lutte contre les incendies.
Dans notre compte rendu de mardi sur le point de situation des feux de forêts en Algérie, un des commentaires s’interrogeait : ‘’‘’Pourquoi (….) algérien n’envisage pas d’acheter des canadairs ? Des milliards sont dépensés en quincaillerie militaire mais pas un avion pour combattre les incendies !’’ En fait, cette question revient comme un boomerang interpeller le management de la direction de la Protection civile algérienne, qui avait refusé en 2012 d’équiper les pompiers algériens de canadairs. Et même avant en 2008, une attitude lourde de conséquences autant pour l’économie de montagne, la préservation du peu de massifs forestiers du pays, la faune et la flore endémiques du pays, et, surtout, la vie de milliers de citoyens.
Où sont passés les hélicoptères W139 ?
En fait, en 2012, la Protection civile avait jeté son dévolu sur des hélicoptères bombardiers d’eau, au lieu d’acheter des Canadairs. La direction de la protection civile avait alors expliqué sur son site que le coût des canadairs était ‘’exorbitant et non leur prix.’’ En outre, le Canadair, est ‘’imposant par son envergure, difficilement maniable et exigeant un équipage professionnel pour ne pas dire hors-pair, réunissant toutes les qualités reconnues chez tout pilote de chasse’’, expliquent les responsable de la protection civile. De plus, c’est le directeur de la protection civile lui-même, le Colonel Mustapha Lehbiri, qui a refusé d’opter en 2012 pour l’acquisition de canadairs dans la lutte contre les feux de forêt. Ses arguments ? Il pense d’abord que ces bombardiers d’eau, sont utilisés par de grands pays, que leur efficacité n’est pas prouvée, qu’ils ne peuvent s’approvisionner qu’en mer et pas adaptés aux bas reliefs, et que s’ils sont remplis d’eau, il leur faudra beaucoup de temps pour rallier Tiaret ou Sétif. Bref, la direction de la Protection civile avait mis de côté l’achat de canadairs, sachant très bien que la région méditerranéenne, est chaque année potentiellement menacée par les feux de forêt.
Les arguments de Lehbiri démontés
Dans son numéro du mercredi 29 août 2012, la revue ‘’Secret Difa3’’ (http://bit.ly/2vvWbdo) démonte un à un les arguments de Lehbiri, qu’il a expliqué alors à la presse pour annoncer pompeusement que l’Algérie, au moment où le pétrole était à plus de 100 dollars/baril, n’avait pas besoin de ce type de moyen de lutte contre les feux de forêt, quand l’Azerbaidjan en possède plusieurs exemplaires. Pour autant, une année après le refus de Lehbiri d’acheter des avions bombardiers d’eau, en 2013, le Maroc annonce l’acquisition par les FAR de cinq canadairs du constructeur canadien Bombardier, des CL-415, spécialisés dans la lutte contre les feux de forêt. Du coup, le Maroc, qui faisait auparavant appel à la France et l’Espagne pour la lutte contre les grands incendies de forêts, prête maintenant ses avions à l’Espagne, et ces jours-ci au Portugal.
Déjà, en 2008….
Pour autant, l’Algérie était sur la piste des bombardiers d’eau déjà en 2008, et a failli acheter six Bériev BE200, des bi-réacteur amphibies bombardiers d’eau. Puis, plus rien. Sauf des bilans de plus en plus dramatiques, inquiétants, révoltants. Jusqu’à ces jours-ci où les feux de forêt dépassent, par leur ampleur, les moyens dérisoires de la Protection civile, encore plus ceux de la Direction des Forêts. Et puis, cette question de savoir où sont passés les ‘’hélicos’’ bombardiers d’eau, les fameux Westlands 139 italiens pour éteindre les incendies qui sont en train de ravager les forêts de l’Akfadou, et menacent tout simplement la vie des villageois de cette région du pays.