Plus de 500.000 personnes ont manifesté dimanche en Catalogne pour demander l’indépendance de leur région d’avec l’Espagne que les dirigeants locaux veulent organiser pour l’an prochain malgré l’opposition du gouvernement central.
Les Catalans se sont rassemblés dans cinq villes et notamment à Barcelone, la capitale régionale, où ils étaient 540.000 selon la police. En cette journée de fête nationale catalane (Diada), ils brandissaient le drapeau rouge et jaune étoilé des indépendantistes ainsi que des banderoles jaunes en musique, pour symboliser le battement d’un coeur unissant une république indépendante.
L’assemblée de la région Catalogne, favorable à l’indépendance, souhaite que l’Etat indépendant de l’Espagne qu’elle appelle de ses voeux soit créé en 2017.
La Catalogne, où vivent 7,5 millions de personnes, contribue à environ 20% du produit intérieur brut (PIB) de l’Espagne.
A Madrid, l’Espagne est sans gouvernement depuis la fin 2015, les deux élections législatives de décembre et juin n’ayant pas permis de dégager une majorité parlementaire, en raison en partie des différends entre les partis politiques sur la manière de s’opposer à la volonté séparatiste de la Catalogne.
Le gouvernement conservateur sortant de Mariano Rajoy, qui expédie les affaires courantes, est fermement opposé à toute initiative allant dans le sens d’une sécession de la Catalogne, et a porté l’affaire devant la juridiction constitutionnelle.
« Cela ne nous importe plus vraiment de savoir qui va gouverner à Madrid », commente Montse Pedra, 39 ans, une thérapeute rencontrée dans la manifestation à Barcelone.
Luttes internes
Elle estime que la Catalogne n’aura pas droit à un référendum sur l’indépendance, à la différence de l’Ecosse en 2014 (même si les électeurs ont finalement opté pour le maintien au sein du Royaume-Uni). De ce fait, dit-elle, « nous allons tout simplement déclarer l’indépendance, voilà ».
Un autre manifestant, Rafael Subirats, professeur de mathématique, 64 ans, estime en revanche que l’indépendance ne sera sans doute pas pour 2017.
Les partis favorables à la sécession ont remporté la majorité des sièges à l’assemblée régionale l’an dernier, mais pas la majorité des voix, et ont commencé à prendre des mesures législatives pour préparer l’indépendance, mais ces actions ont été déclarées illégales en justice.
Le Tribunal constitutionnel espagnol a annulé début août une résolution du Parlement catalan favorable à l’indépendance.
Selon un sondage paru en juillet, 48% des Catalans sont favorables à l’indépendance, contre 42% qui sont contre.
Les pro-indépendance sont aussi minés par des luttes internes. Le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, demandera la confiance du parlement régional le 28 septembre après des dissensions entre son parti, « Junts pel si » (Ensembles pour le oui) et ses alliés de la formation anti-austérité CUP qui ont rejeté le projet de budget pour 2017. Selon les analystes, Carles Puigdemont devrait être maintenu.
Il a déclaré dimanche lors d’une conférence de presse que son gouvernement convoquerait l’an prochain des élections en forme de plébiscite pour ratifier la sécession, sauf s’il parvient à persuader les autorités centrales à Madrid d’autoriser les Catalans à se prononcer par référendum sur leur avenir.