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Idées

Essence du processus inflationniste en Algérie et ses incidences socio- économiques

Par Maghreb Émergent
mai 19, 2018
Essence du processus inflationniste en Algérie et ses incidences socio- économiques

Depuis le début du Ramadhan, la majorité des produits connaissent une hausse vertigineuse ayant un impact sur le pouvoir d’achat des Algériens.  Quelles sont les raisons du processus inflationniste  et les incidences socio-économiques ?


1. S’agissant d’un problème aussi complexe que celui de l’inflation, il me semble utile de préciser que qu’une analyse objective doit tenir compte de la structure et des particularités de l’économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l’économie internationale, de l’économie interne résultant de l’option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d’influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s’approprier une fraction du revenu national. La donnée démographique me semble stratégique.

La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d’habitants en 2010, 39,5 millions d’habitants au 1er janvier 2015, 40,4 au 1er janvier 2016,  41,2 millions d’habitants au 1er janvier 2017 et s’oriente vers 50 millions horizon 2030 avec une demande additionnelle d’emplois variant entre 350.000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage actuel. Le taux d’inflation officiel entre 1989 et août 2016 a été le suivant : 17 87% en 1989 ; 25 88% en 1991 ; un pic de 31,68% en 1992 ; 21,9% en 1995 ; 5% en 1998. En 1999 : 4/2% ; en 2000 : 2% ; 2001 et 2002 : 3% ; en 2003 : 3,5% ; en 2004 : 3,1% ; en 2005 1,9% ; en 2006 : 3% ; en 2007 : 3,5% ; en 2008 : 4,5% en 2009, 5,7% en 2010, 5% ; en 2011, 4,5%, en 2012, 8,9%, en 2013, 3,3%, en 2014, 2,9%, en 2015, 6,7% en 2016   8% en janvier 2017 et selon l’ONS, l’ évolution des prix à la consommation en rythme annuel jusqu’à février 2018 est le taux d’inflation moyen annuel calculé en tenant compte des 12 mois allant de mars 2017 à février 2018 par rapport à la période allant de mars 2016 à février 2017 a été de 5%.

Mais il faut faire une analyse objective car l’indice d’inflations se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi un taux d’inflation  faible en T1 par rapport à un taux d’inflation élevé  par rapport à To  donne cumulé un  taux d’inflation élevé et se pose la question de l’évolution du salaire réel par rapport à ce taux cumulé. Aussi,  l’indice global de l’inflation,  doit être régulièrement réactualisé car le besoin est historiquement daté, les besoins évoluant,  le taux d’inflation officiel  étant  biaisé, devant l’éclater par produits selon le modèle de consommation par couches sociales (fonction de la stratification du revenu national). Il est  de surcroît comprimé artificiellement par les subventions sinon il dépasserait les 10%. Car la perception de l’inflation est différente d’une personne qui perçoit 200 euros par mois de celle qui perçoit 10.000 euros n’ayant pas le même modèle de consommation. Un agrégat global comme le revenu national par tête d’habitant peut voiler d’importantes disparités entre les différentes couches sociales.

Une analyse pertinente devrait lier le processus d’accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociale, devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (moins de 190 euros par mois, au cours officiel soit 6,2 euros par jour, et 4 euros/jour sur le marché parallèle alors que le kilo de viande est de plus de 10 euros, la majorité des fruits dépasse 2 euros le kilo, sans oublier les produits de première nécessité comme la pomme de terre, fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les subventions et transferts sociaux mal ciblées et mal gérés  jouent temporairement et imparfaitement comme tampon social, encore qu’il faille pas seulement se focaliser  sur les subventions aux produits de première nécessité , le montant  des surcoûts  des projets, la mauvaise gestion et  la corruption et la mauvaise gestion qui alourdissent le prix final aux consommateurs. L’inflation joue comme vecteur de redistribution et de concentration du revenu national au profit des revenus variables et pénalise les revenus fixes.

Nous sommes dans un cercle vicieux : l’inflation accélère les revendications sociales pour une augmentation des salaires qui à leur tour en cas de non productivité accélère l’inflation. Comme la détérioration du pouvoir d’achat accroît soit l’endettement des ménages ou accélère la dé-thésaurisation des ménages notamment les couches moyennes qui se paupérisent en la mettant en circulation, leur épargne gonflant la masse monétaire en circulation, accélérant, en cas de rigidité de l’offre, le processus inflationniste.

Qu’en sera t-il avec l’éclatement de la cellule familiale et en cas de chute du cours des hydrocarbures ne pouvant plus subventionner , un couple avec deux enfants devant percevoir minimum entre 45.000 et 60.000 dinars/mois pour uniquement substituer et devant éviter un nivellement par le bas pour des rasions populistes suicidaires ? Or toute Nation ne peut distribuer que de qu’elle a préalablement produite quitte à aller vers la dérive politique, sociale et économique.

2.-Quelles sont donc les raisons essentielles de l’inflation en Algérie ?  Bien que dialectiquement solidaires, je recense trois raisons essentielles. -Premièrement, l’inflation provient de la faiblesse de la production et de la productivité interne du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut tenant compte des déchets d’hydrocarbures comptabilisés dans la rubrique exportation hors hydrocarbures. C’est que plus de 95% du tissu économique sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale.

Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Nous avons évidemment la croissance démographique et le versement de salaires sans contreparties productives.. Le taux de chômage officiel est biaisé incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six mois, pour partie des emplois improductifs. Or, le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité.. Car la vrai richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La non proportionnalité entre les dépenses monétaires et les impacts favorise l’inflation. Avec l’importance de la dépense publique, le  taux de croissance qui aurait dépasser 10% entre 2004/2017 alors que la moyenne a été de 3% : mauvaise allocation des ressources, mauvaise gestion, corruption?  Selon un rapport pour la région MENA, l’Algérie pour des pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion pour ne pas dire une corruption socialisée.

Et l’Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets non fiables à terme économiquement souvent pour des raisons de prestige. Tant qu’il y a la rente. Mais l’Algérie peut-elle continuer dans cette voie suicidaire de subventions généralisées sans ciblage, de versements de salaires sans contreparties productives, des assainissement répétées des entreprises publiques avec des recapitalisations répétées des banques publiques contrôlant 80% du crédit global, malades de leurs clients souvent non bancables, au risque sans relèvement des taux d’intérêt d’une faillite du système bancaire freinant l’investissement ? Cette masse monétaire sans contreparties productives alimente le processus inflationniste. -La deuxième raison  est à la fois la dévaluation rampante du dinar. La  cotation officielle du dinar/1970/Février 2017  est la suivante : 1970 : 4,94 dinars un dollar 1980 : 5,03 dinars un dollar 1995 : 47,68 dinars un dollar 2001…69,20 dinars un euro 77,26 dinars un dollar -2002…75,35 dinars un euro -69,20 dinars un dollar 2003…87,46 dinars un euro 77,36 dinars un dollar -2004…89,64 dinars un euro 72,06 dinars un dollar-2005…91,32 dinars un euro 73,36 dinars un dollar-2006…91,24 dinars un euro 72,64 dinars un  dollar 2007…95,00 dinars un euro- 69,36 dinars un dollar -2008…94,85 dinars un euro 64,58 dinars un dollar-2009..101,29 dinars un euro 72,64 dinars un dollar-2010..103,49 dinars un euro 74,31 dinars un dollar-2011..102,21 dinars un euro 72,85 dinars un dollar-2012,102,16 dinars un euro 77,55 dinars un dollar-2013..105,43 dinars un euro 79,38 dinars un dollar-2014, 106,70 dinars un euro 80,06 dinars un dollar- 2015, 108,60 dinars un euro 99,50 dinars un dollar- Le 19 mai  2018, nous avons  –  116,02 dinars un dollar et 137,05dinars un euro ( achat).  C’est que ce  dérapage du dinar officiel voile l’importance du déficit budgétaire, donc l’efficacité de la dépense publique. On peut établir un coefficient de corrélation entre la cotation du dinar, le niveau des réserves de change provenant des hydrocarbures et l’évolution des recettes des hydrocarbures pour un taux d’environ 70%, 30% étant dues aux phénomènes spéculatifs et aux sections hors hydrocarbures bien que limitées. 

Avec une diminution des réserves de change inférieur à 20 milliards de dollars, pouvant tendre vers zéro horizon 2020/2022 au rythme de la dépense publique actuelle, la cotation du dinar s’établirait à entre 200/250 dinars un euro au cours officiel et plus de 300 dinars un euro sur le marché parallèle, les réserves ayant substantiellement baissé entre 2012/2017 :-2012 :190,6 milliards de dollars, -2013 :194,0 milliard de dollars, -2014 :178,9 milliards de dollars, -2015 :144,1 milliards de dollars, -2016 : 114,1 milliards de dollars, -2017 : 97,3 milliards. Pour 2018/2020/2022,  le niveau des réserves de change sera  fonction essentiellement du cours des hydrocarbures  et de la relance économique sections hors rente conditionnée par de profondes réformes structurelles afin d’éviter le scénario pessimiste du rapport récent de la banque mondiale (rapport de février 2018). Le cours du pétrole Brent  a été  de 111 dollars le baril en 2012, 108 dollars en 2013, 100 dollars en 2014, 53 dollars en 2014, 45 dollars en 2015 ,  54 dollars en 2017 et qui a été coté le 19 mai 2018  à  78,67 dollars le Brent, du  à la faiblesse du dollar et surtout pour des raisons de tensions géostratégiques  au Moyen Orient.  La troisième raison du processus inflationniste est la dominance de la sphère informelle produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat et  le manque de vision stratégique  qui bloquent  l’émergence d’entreprises productives. .( voir étude du professeur Abderrahmane Mebtoul « Essence de la sphère informelle au Maghreb et comment l’intégrer à la sphère réelle » Institut Français des Relations Internationales – IFRI- (Paris- Bruxelles décembre 2013–60 pages) Le taux sur le change du marché parallèle Port Saïd/Alger au mois de mai 2018, nous avons  un euro qui dépasse 2010 dinars un euro. la majeure des produits importés, excepté les produits subventionnés, d’alignant sur le cours du marché parallèle.

Pour cette sphère il s ‘agit  différencier trois ratios qui donnent des montants différents expliquant les données contradictoires des responsables. Sa part dans la masse monétaire en circulation  environ 40% données, 25/30% du produit intérieur brut ( PIB) et enfin par rapport à l’emploi environ 30% selon le Ministère du travail, et plus si l’on inclut le taux d’activité de la population féminine. Or,  70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées étant importés, la dévaluation du dinar  officiel et sur celui du marché parallèle accélérant le processus inflationniste tant des biens finaux  que  sur le coût des matières premières  et  des équipements Cette sphère informelle en Algérie contrôle 65/70% des segments de produits de première nécessité auxquels plus de 70% des ménages consacrent presque l’intégralité de leurs revenus (marché fruits et légumes, poisson, viande rouge et blanche, textile et cuir) et sans compter les factures de plus en plus élevées de l’eau et de l’électricité qui absorbent une fraction importante du revenu des ménages pauvres et moyens accroissant leur endettement. Au niveau  de cette sphère, le contrôle de  la masse monétaire en circulation permet une importante intermédiation financière informelle mais avec des taux d’usure accroissant l’endettement des ménages qui s’adressent à cette sphère.

L’importance de cette masse monétaire captée, favorise une concentration du revenu au niveau de cette sphère avec des tendances monopolistiques et souvent oligopolistiques (quelques offreurs pour une multitude de demandeurs) et alimente, la demande au niveau du marché parallèle de la devise et l’évasion fiscale. Les transferts illégaux au moyen de surfacturation par le canal de vases communicants (rapatriements) permettent paradoxalement d’accroitre l’offre et d’éviter un dérapage plus accentué du dinar sur le marché parallèle. Le constat en Algérie est l’absence d’une véritable concurrence avec notamment le gel du conseil national de la concurrence dépendant d’un simple ministre du commerce alors qu’il devrait être une institution indépendante. Nous assistons à des tendances monopolistiques dans la sphère informelle faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l’orienter vers des activités spéculatives. Ainsi, la politique d’encadrement des prix s’avère d’une efficacité limitée, sinon il faudrait des milliers de contrôleurs  dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait souvent que répercuter ces surcoûts de distribution.

3.-Quelles perspectives? L’Algérie ne doit pas se berner d’illusion de ses réserves de change qu’elle peut épuiser au bout de 3/4 années ( sauf miracle extérieur échappant à la gouvernance interne,  un cours de 90/100 dollars le baril) si elle maintient le rythme de ses dépenses et l’actuelle orientation économique .C’est que la  valeur  des exportations globales a été de 45,0 milliards de dollars  en 2005, de 54,6 en 2006, 60,1 en 2007, 79,3 en 2008, 45,2 en 2008 (avec la crise mondiale) ,57,0 en 2010  et 73,5 milliards de dollars en 2011. Selon les différents rapports officiels  entre 2012 à fin mars 2018, relatant l’évolution de la balance commerciale,  les exportations  ont  évolué ainsi : -2012 71,8 milliards de dollars dont 69,8(Hydrocarbures- H-), 2013 : 64,8 milliards de dollars dont 63,8 (H),-2014 : 60,1 milliards de dollars dont 58, (H),-2015 : 34,5 milliards de dollars dont 33,1(H) ;-2016 : 29,3 milliards de dollars dont 27,9 (H),-2017 34,5 milliards USD dont 33 (H) .

Pour le premier trimestre 2018, les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger (93,6% du montant global des exportations) en s’établissant à 10,03 mds usd contre 8,388 mds usd de janvier à mars 2017, soit une hausse de 1,64 mds usd (+19,6%). -La valeur des importations  a été de 20,0 milliards de dollars en 2005, 21,4 en 2006, 27,6 en 2007, 36,5 en 2008, 39,3 en 2009, 40,5 en 2010 et 47,2 milliards de dollars en 2011. Selon les différents rapports officiels  entre 2012 à fin mars 2018, relatant l’évolution de la balance commerciale,  les importations   ont  évolué ainsi :  2012-51,5 milliards de dollars -2013-54,9 milliards de dollars-2014-59,6 milliards de dollars -2015-52,6 milliards de dollars -2016-49,7 milliards de dollars -2017-48,7 milliards de dollars.

Pour le premier  trimestre 2018 : les importations,  ont légèrement reculé à 11,2 mds usd au premier trimestre 2018 contre 11,92 mds usd à la même période de l’année écoulée, soit une baisse de 714 millions de dollars (seulement de -6%) ce qui nous donnerait  en tendance annuelle fin  2018 environ 45 milliards de dollars .Cependant les donnés statistiques précédentes doivent être interprétées avec précaution.

Le seul document de référence n’étant pas la balance commerciale, mais la balance de paiement, aux sorties de devises d’environ 45 milliards de dollars de biens  fin 2018, il faudrait ajouter les sorties de devises des services qui ont fluctué annuellement entre 10/11 milliards de dollars  entre 2010/2017 et les transferts légaux de capitaux. Ce qui nous donnerait un montant de sorties de devises fluctuant entre 55/60 milliards de dollars. Ainsi, malgré toutes les mesures souvent bureaucratiques sans vision stratégique, certaines restrictions des importations qui ont paralysé certains secteurs et favorisé le processus inflationniste, le résultat est très mitigé.  Il faut être réaliste : en ce mois de mai 2019, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach, en n’oubliant pas  que les recettes de Sonatrach provient pour 33% du gaz dont le cours a fortement baissé sur le marché libre dont le cours le 19 mai 2018 a été de 2,83 le MBTU avec une baisse de près de 40% par rapport à 2013 les contrats de long terme expirant entre 2018/2019.

Cette embellie récente de l’envolée du cours,  si elle se maintenant limiterait le recours au financement non conventionnel prévu de 17/18 milliards de dollars uniquement pour 2018, qui contrairement à certains discours populiste a un effet inflationniste, l’Algérie souffrant de rigidités structurelles contrairement aux pays développés ou existent une flexibilité des facteurs de production.  En effet, la loi de finances établie à 50 dollars le baril, pour un cours moyen de 70 dollars durant toute l’année  occasionnerai environ 12 milliards de dollars  par rapport à ce plafond.

4.-Le processus inflationniste induit une méfiance tant des opérateurs que des ménages  avec le risque d’un  frein à l’investissement productif,  selon le cercle vicieux -revendications sociales, augmentation des salaires sans corrélation avec la productivité, inflation et revendications sociales. Avec l’inquiétude vis-à-vis de l’avenir, l’absence de morale et la faiblesse de la gouvernance tant centrale que locale, avec ce retour accéléré de l’inflation, qui contribue à une concentration du revenu au profit d’une minorité rentière, la majorité des Algériens veulent tous et immédiatement leur part de rente, quitte à conduire l’Algérie au suicide collectif. Le processus inflationniste que l’on comprime artificiellement par des subventions pour calmer le front social montre forcément ses limites,  ne s’attaquant aux fondamentaux. Les réserves de change  sont une  une richesse virtuelle provenant des hydrocarbures qu’il s’agira de transformer en richesses réelles. Ceux qui donnent des leçons de nationalisme doivent savoir qu’à l’avenir l’amélioration du pouvoir d’achat et le véritable nationalisme des Algériens, quelque soit le niveau de responsabilité, se mesurera par leur contribution à la valeur ajoutée interne.

Le grand défi pour l’Algérie est d’accélérer la réforme globale pour tirer les avantages comparatifs de l’insertion dans la division internationale du travail. Il  faut   faut éviter à tout prix de vivre de l’illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale à un nouveau modèle de consommation énergétique (mix énergétique dont l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables dont le coût a diminué de plus de 50%) et surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles, le statu quo et l’immobilisme conduisant forcément à la cessation de paiement horizon 2020 – 2022. 

Or, l’Algérie est dans  cette interminable transition, ni économie de marché concurrentielle à vocation sociale, ni économie administrée,  l’avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar, les réformes  étant timidement faites avec incohérence lorsque  le cours baisse. Cela explique également que malgré des dévaluations successives du dinar, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures montrant que le blocage est d’ordre systémique.

 En résumé, osons parier, du fait de ses importantes potentialités, acteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, sur un développement multidimensionnel conciliant efficacité économique et justice sociale. Mais il faut être réaliste. Sans mobilisation  de la population, autour d’un large front national tenant compte des différentes sensibilités, supposant une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité,  condition du rétablissement de  la confiance, aucun développement de sortie de crise  n’est possible. Cependant, l’Algérie  acteur majeur de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine,  contrairement à certaines prévisions pessimistes prédisant un scénario catastrophe horizon 2020/2022, mais devant également évier l’autosatisfaction source de névrose collective,   nécessitant son adaptation  aux nouvelles mutations mondiales, économiques, sociales, militaires, sécuritaires,   culturelles ( conciliant la modernité et son authenticité »,   a l’ambition de ses choix. 

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