Le professeur Kamel Rezig, enseignant d’économie à l’université de Blida revient dans cet entretien sur les opportunités offertes à l’Algérie par le marché africain pour diversifier son économie notamment dans la conjoncture de baisse des revenus pétroliers. Il revient aussi sur l’un des événements ayant marqué l’année dernière, à savoir le Forum africain de l’investissement et des Affaires, même si son appréciation diffère selon les opinions des acteurs en présence sur la scène économique.
Comment voyez-vous l’organisation par l’Algérie du Forum africain de l’investissement et des Affaires en 2016 ?
C’est un bon choix d’organiser cette manifestation par notre pays et surtout à ce moment précis car il doit s’orienter vers une économie diversifiée et visant l’exportation hors hydrocarbures. Le continent africain offre des opportunités énormes pour réaliser ces objectifs. Il s’agit alors d’augmenter le chiffre d’affaires en matière d’exportation et de faire de l’Algérie un hub pour les importations et les exportations des pays africains. L’organisation de cette grande manifestation économique sous le thème : « Travailler ensemble pour réussir ensemble» était axée sur le développement du potentiel économique algérien et il y a lieu d’élaborer un plan d’action pour l’intensification de la coopération économique alégro-aficaine et toute la coopération économique intra-africaine. Ce forum devait aussi être une opportunité à saisir par tous les entrepreneurs, hommes d’affaires et opérateurs algériens qui souhaiteraient être une partie prenante dans la nouvelle dynamique de l’économie algérienne qui se tourne vers l’Afrique. En outre, ce forum rentre dans le cadre de la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Quelle est votre appréciation sur les principales thématiques débattues lors de cette rencontre?
Ce rendez-vous business to business orienté vers l’investissement et le commerce intra-africain a eu comme principaux thèmes la recherche des moyens d’accélérer le développement économique et social de l’Afrique. L’objectif étant d’étudier les moyens de conquérir le marché des pays africains. C’est par ce biais qu’on peut augmenter l’exportation des produits hors hydrocarbure sur le marché africain. Cet objectif peut être réalisé par l’accompagnement et l’orientation des entreprises algériennes à promouvoir le commerce intra-africain et stimuler le partenariat dans le but de favoriser l’intégration continentale. Il s’agit aussi de savoir comment contribuer à l’intégration économique du continent, à la multiplication des partenariats intra-africains et à l’établissement de relations économiques mutuellement avantageuses.
Quels sont les autres défis de l’intégration économique en Afrique ?
Ernest Harsch, Professor at Columbia’s School of International and Public Affairs, dans son article Concrétiser l’intégration africaine dans lequel il cite la position de l’Algérie sur les vertus de l’intégration économique africaine, indique qu’il s’agit de réduire les coûts de la mise en place d’infrastructures essentielles comme les transports, les communications, l’énergie, les systèmes d’approvisionnement en eau et la recherche scientifique et technologique. Peu de pays peuvent financer intégralement ces projets. La coopération vise également à faciliter les investissements à grande échelle en renforçant l’attrait que présentent nos économies et en réduisant les risques. Pour réaliser ces objectifs, il faut surmonter les principaux défis que sont le problème de libre circulation des biens et des personnes entre les pays africain et le droit d’établissement et la mise en place du Fonds de solidarité communautaire. D’autres écueils sont à étudier de près comme l’instabilité politique et l’insécurité de plusieurs pays ou encore les problèmes de bonne gouvernance et les questions de financement. A cela s’ajoutent les barrières douanières, le système financier dépassé par les évènements et les problèmes d’infrastructures de base. On peut ajouter à cette liste, le manque de lignes de transport directs aériens, maritimes, routières et ferroviaires et celui de l’énergie.
Plusieurs projets communs inter africain d’infrastructures sont annoncés, notamment le gazoduc transsaharien (TSGP), la route transsaharienne, le projet de réseau fibre optique transsaharien et les projets d’interconnexion électrique. Selon vous, comment ces projets pourraient-ils contribuer à l’intégration économique dans le continent africain ?
Les projets communs d’infrastructure de base vont pouvoir minimiser les obstacles qui empêchent l’intégration. Ces projets vont permettre de relier les économies des pays africains et créer un milieu favorable au développement. Par exemple, une autoroute Alger-Tamanrasset permettrait la facilitation de l’import et de l’export et même le port de Cherchell peut y contribuer pour permettre de surmonter quelques défis cités auparavant.
Comment l’Algérie pourrait-elle profiter des opportunités offertes par le marché africain pour diversifier son économie notamment dans la conjoncture actuelle ?
Il faut conquérir le marché africain car on n’a pas d’autre choix pour permettre d’exporter la production dans plusieurs secteurs et diversifier notre économie hors hydrocarbures. On peut trouver une solution pour les modes de paiement et réaliser des projets de partenariat pour un maximum de profit. Le partenariat privé/public entre les divers pays est l’une des solutions pour réaliser les objectifs du forum de l’année dernière.