Avec des exportations hors hydrocarbures atteignant 7 milliards de dollars, l’Algérie enregistre une progression notable de 45% sur un an, mais reste en deçà de ses ambitions initiales fixées entre 8 et 10 milliards de dollars.
Cette performance, bien qu’encourageante, s’inscrit dans une dynamique de transformation progressive de l’économie algérienne. Le pays a réalisé des avancées significatives depuis 2020, où les exportations hors hydrocarbures ne dépassaient pas 3,8 milliards de dollars. La progression est particulièrement visible dans certains secteurs stratégiques.
Le secteur industriel s’est notamment distingué avec un record de 6,2 milliards de dollars d’exportations en 2022, marquant une hausse de 55%. L’industrie agroalimentaire a également connu une évolution positive, avec des exportations atteignant 397 millions de dollars en 2023, en hausse de 11%. Les produits halieutiques ont suivi la même tendance, avec des exportations record de 34,36 millions de dollars en 2023, soit une augmentation de 66%.
Un des succès notables de cette diversification réside dans la transformation de certaines filières, passant du statut d’importateur net à celui d’exportateur. C’est notamment le cas des matériaux de construction, où l’Algérie est passée d’une facture d’importation d’un milliard de dollars à des exportations de 1,3 milliard de dollars en 2023.
Toutefois, ces avancées s’accompagnent de défis majeurs. La forte concentration des exportations sur des produits à haute intensité carbone, représentant 80% des exportations vers l’Europe, pose question face aux nouvelles réglementations environnementales européennes. La mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) par l’Union européenne pourrait impacter significativement ces exportations.
Dans ce contexte, l’objectif ambitieux de 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures à l’horizon 2030 nécessitera des adaptations structurelles. Selon la Banque mondiale, la réussite de cette transition dépendra de la capacité du pays à diversifier ses produits et ses marchés d’exportation, tout en augmentant leur valeur ajoutée. Une attention particulière devra être portée à la transition vers des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement, notamment pour les produits comme les engrais et le ciment.
Malgré ces défis, l’économie algérienne montre des signes de résilience avec une croissance de 3,9% au premier semestre 2024, soutenue par un secteur agricole dynamique et une inflation maîtrisée à 4,3%. Ces indicateurs positifs, couplés aux réserves de change confortables couvrant 16,2 mois d’importations, offrent une base solide pour poursuivre la diversification des exportations, même si les objectifs initiaux pour 2024 n’ont pas été pleinement atteints.
L.N