Dans une intervention sur la radio nationale, le vice-président de Tosyali Algérie, M. Topcuoglu, a vivement critiqué les déséquilibres tarifaires entre l’Algérie et l’Union européenne, remettant en cause l’efficacité de l’accord d’association signé en 2002.
Au cœur de cette polémique se trouve une asymétrie flagrante dans les échanges commerciaux. « On ne peut pas dire que l’accord d’association signé avec l’union européenne a bien été négocié à l’époque », souligne M. Topcuoglu.
Cette critique ne se limite pas à une simple observation, mais s’appuie sur des faits concrets. En effet, M. Topcuoglu met en lumière le traitement préférentiel dont bénéficient les exportations européennes vers l’Algérie, qui sont exemptes de droits de douane, tandis que les produits algériens font face à des barrières tarifaires significatives à leur entrée sur le marché européen.
Cette disparité se manifeste de manière particulièrement prononcée dans certains secteurs clés de l’économie algérienne. Le vice-président de Tosyali Algérie déplore notamment que « quand nous exportons à partir de l’Algérie vers l’UE, […] nous sommes soumis en tant que société algérienne à un quota ». Cette situation est d’autant plus frustrante que l’Algérie est devenue un exportateur net dans certains secteurs, comme la sidérurgie.
Dans ce domaine spécifique, la disparité atteint des proportions alarmantes. « Les exportations du complexe sont soumises à 25% de taxes douanières à la porte de l’Europe et l’Algérie ne bénéficie d’aucun avantage à ce titre », précise M. Topcuoglu.
Un contexte de différend commercial plus large
Ces critiques, bien que focalisées sur le secteur sidérurgique, s’inscrivent dans un contexte plus large de différend commercial. En effet, l’UE a récemment engagé une procédure de règlement des différends à l’encontre de l’Algérie, contestant plusieurs mesures mises en place depuis 2021 visant à réguler les importations et à stimuler la production locale.
Malgré cette contestation européenne, une analyse approfondie de la situation tend à favoriser la position algérienne. Les mesures contestées par l’UE peuvent être considérées comme une réponse légitime de l’Algérie pour protéger son industrie naissante et diversifier son économie, longtemps dépendante des hydrocarbures.
De l’avis des observateurs, cette approche ne relève pas d’un protectionnisme à court terme, mais s’inscrit dans une vision plus large. Ces politiques font partie intégrante d’une stratégie de développement économique à long terme, visant à réduire la dépendance aux importations et à créer des emplois locaux.
Un accord d’association obsolète ?
Au cœur de ces tensions se pose la question de la pertinence de l’accord d’association Algérie-UE de 2002. Cet accord semble aujourd’hui en décalage avec les réalités économiques actuelles. Négocié il y a plus de deux décennies, dans un contexte très différent, cet accord ne répond plus aux ambitions de développement de l’Algérie ni aux dynamiques contemporaines du commerce international. La demande de renégociation apparaît donc légitime, d’autant que d’autres pays comme la Turquie, l’Inde ou la Malaisie jouissent de conditions plus favorables dans leurs échanges avec l’UE.
Dans ce contexte de remise en question, M. Topcuoglu ne se contente pas de critiquer, mais met également en avant les progrès réalisés par l’industrie algérienne. Il décrit le complexe Tosyali Algérie comme « la société la plus intégrée et […] le complexe sidérurgique le plus diversifié de l’Afrique et du bassin méditerranéen ». Cette évolution remarquable de l’industrie algérienne renforce la nécessité d’un traitement plus équitable dans les relations commerciales internationales, soulignant l’urgence d’une révision de l’accord pour qu’il reflète mieux les capacités et les aspirations actuelles de l’Algérie.
Vers une redéfinition des relations commerciales euro-méditerranéennes ?
L’appel de Tosyali Algérie à une révision de l’accord d’association avec l’UE n’est pas un cas isolé, mais reflète une volonté croissante de l’Algérie de s’affirmer comme un acteur économique majeur. Cette démarche pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations économiques euro-méditerranéennes et potentiellement redéfinir les termes des échanges commerciaux dans la région.
En fin de compte, malgré les contestations de l’UE envers certaines mesures algériennes, l’Algérie dispose d’arguments convaincants pour défendre sa position. Une renégociation de l’accord d’association ne serait pas seulement bénéfique pour l’Algérie, mais pourrait également servir de modèle pour moderniser les relations économiques dans toute la région méditerranéenne.