Farid Bourenani, négociateur en chef pour Cevital : "Nous voulions une algérianisation de Djezzy à plus de 51%" - Maghreb Emergent

Farid Bourenani, négociateur en chef pour Cevital : “Nous voulions une algérianisation de Djezzy à plus de 51%”

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Farid Bourenani est un ex-banquier International, ancien dirigeant de Société Générale Algérie et expert en ingénierie financière et en opérations de haut de bilan. Il a été le principal négociateur pour le compte de Cevital, dans l’opération qui a mené le groupe privé algérien à se désengager du capital d’OTA, dont il était actionnaire minoritaire à hauteur de 3,4%.

Vous avez participé et sans doute initié la stratégie de Cevital depuis le début des négociations avec OTA. En tant que petit actionnaire de l’entité OTA, comment Cevital a réagi à la préemption de l’Etat sur OTA et quelles ont été vos demandes ?

Lorsque l’Etat a voulu actionner un droit de préemption hypothétique, Cevital qui fut ignoré par les deux parties, a dû se manifester pour défendre ses droits de petit actionnaire, protégé en cela par l’existence d’un pacte d’actionnaires qui lui conférait des droits tangibles. Ainsi nous avions estimé qu’un mariage à trois, forcé et déséquilibré ne nous satisfaisait pas.
Cevital a donc proposé, pour rééquilibrer le partenariat, de rehausser sa participation et en même temps, de faire en sorte que cette « algérianisation » d’OTA soit bien supérieure à 51%, conformément à la loi 2009. Les deux parties nous ont opposé un refus net. Global Telecom Holding (GTH), pour des raisons de consolidation, ne voulait pas descendre en deçà de 46%, tandis que l’Etat souhaitait une « étatisation » de Djezzy à 51% seulement.
De notre côté, vendre simplement nos titres, ne nous intéressait pas non plus car nous n’avions pas, d’une part, besoin d’encaisser du cash et, d’autre part, nous n’aurions pas forcément été d’accord sur la valorisation qui tient compte d’un nombre de paramètres auxquels nous sommes étrangers.

Cevital a finalement opté pour un échange d’actifs avec GTH pour sortir du capital d’OTA. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
C’est ainsi que j’ai proposé de travailler sur une troisième voie, le swap d’actifs mobiliers qui permettent à Cevital d’atteindre un certain nombre de ses objectifs tout en se retirant d’OTA, afin de permettre aux deux parties GTH et le FNI de faire aboutir leur partenariat.C’est très exactement le résultat auquel nous sommes arrivés et que vous pouvez lire en toute transparence et en détail dans le communiqué de presse publié par Vimpelcom à Amserdam et GTH (ex OTH) au Caire sur leurs sites web respectifs.
J’avoue que les négociations entamées le 10 novembre 2012, furent longues et difficiles. Il y avait d’un côté un Etat, de l’autre un géant des télécoms qui, de surcroit, possédait plus de 96% du capital et les uns et les autres avaient une armada de conseillers en tous genres. De notre côté, j’ai réuni autour de moi deux personnes de grands talents et nous avions la chance de compter sur l’extrême écoute, la confiance et la capacité de décision de M. Rebrab.

Maintenant que la signature avec le FNI a été faite, Cevital se désengage d’OTA pour aller à travers un échange d’actifs mobilier de Vimpelcom. Pensez vous que Cevital a fait le meilleurs choix ?

Sans nul doute. Cevital échange ses titres contre un actif international de premier plan, aisément et intégralement mobilisable auprès des banques internationales en cas de besoin de financement à l’étranger. Et Cevital, en cas de succès du devenir d’OTA et je n’en doute pas, aura aussi la faculté de revenir dans le capital d’OTA à partir de la cinquième année, en 2019, au prix de 2014, soit 178 M$. Enfin, Cevital, en cas du très improbable non-aboutissement de l’opération et conduisant GTH à reprendre la procédure d’arbitrage, aura la certitude de récupérer une quote-part de 3,43%.

Quelle a été l’attitude de Vimpelcom dans ces négociations vis-avis d’un petit actionnaire d’OTA ?

Contrairement à ce que vous pouvez imaginer, les intérêts entre Vimpelcom et Cevital n’étaient pas opposés. Chacun d’entre nous a exprimé ses contraintes et ses objectifs. Je dois avouer que Vimpelcom est représenté par des hommes admirables en les personnes de Augie Fabella II, fondateur et Président d’honneur, et Alexei Riznokovik, Président de Vimpelcom et CEO de Altimo, l’actionnaire majoritaire de Vimpelcom.
J’ajoute, et c’est important, leurs efforts sont relayés par le Président de Djezzy, en la personne de Vincenzo Nesci qui a eu le mérite de toujours concilier les points de vue, ré- initier une relation de confiance avec son actionnaire Cevital, avec son futur actionnaire désigné par l’Etat, tout en pilotant la gestion de l’entreprise.
Je ne doute pas que tous les ingrédients sont à présent réunis pour un avenir radieux à Optimum Telecom Algérie SPA.Cevital va de son côté continuer de créer de la valeur pour l’Algérie dans des projets en Algérie et hors d’Algérie et il est fort probable que Cevital reprendra sa participation dans un horizon entre 5 et 7 ans.

 

 

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