Expert financier, Farid Bourenani a évoqué, lors de son passage mardi à RadioM, l’emprunt obligataire que compte lancer le gouvernement ainsi que l’entrée en Bourse du laboratoire pharmaceutique privé Biopharm.
Farid Bourenani qui évoque « une actualité financière dense et qui se précipite » relève que « la période d’attentisme des autorités algériennes est aujourd’hui terminée » et regrette qu’ « on doive faire beaucoup de choses dans l’urgence ». Au sein de cette actualité financière, il s’interroge, comme beaucoup d’observateurs, sur la nature de l’emprunt national annoncé par le gouvernement. Première question : Quelle est la cible de cet emprunt ?grand emprunt national ou emprunt obligataire ? « Les mots ont un sens » estime-t-il. « Soit on s’adresse en priorité aux investisseurs institutionnels, soit on cible l’épargne des particuliers avec pour objectif de recycler l’argent non bancarisé ». Pour l’instant, rien ne permets de répondre à cette question. Les enjeux sont pourtant importants. Dans le cas d’un emprunt souscrit essentiellement par les investisseurs institutionnels « les montants récupérables sont certains mais risquent d’être limité et de réduire les ressources bancaires disponibles pour l’investissement des entreprises voire pour les futurs emprunts obligataires annoncés par les entreprises publiques ». S’il s’agit en revanche de « lever l’argent de l’informel en masse », des « titres au porteur comme les bons de caisse anonyme permettrait sans doute de collecter des ressources nettement plus importantes avec le mérite supplémentaire de ne pas toucher aux ressources déjà bancarisées ».
L’emprunt souverain : Plusieurs milliards de dollars ?
Autre question encore entouré d’un flou : quel montant pour cet emprunt ? Il s’agirait de l’équivalent de « plusieurs milliards de dollars » estime, dubitatif, Farid Bourenani. L’expert algérien se demande comme beaucoup d’économistes algériens si l’endettement est bien une solution viable : « Chaque année on va devoir trouver désormais des ressources considérables en complément des recettes de l’Etat pour combler le déficit du budget ». La solution ne serait elle pas plutôt dans la rationalisation des dépenses de l’Etat s’interroge Bourenani qui relève que « le budget de fonctionnement de l’Etat qu’on a du mal aujourd’hui à dégrossir a doublé en 5 ou 6 ans ».
Biopharm à la Bourse : un bon risque
Biopharm qui rentre à la Bourse d’Alger au cours de ce mois de mars risque-t-elle d’être la première victime de la boulimie annoncée de l’Etat pour l’épargne des particuliers et des investisseurs institutionnels ? Pas sûr du tout estime Farid Bourenani qui ajoute que si, à l’occasion des émissions et des accessions précédentes à la Bourse d’Alger , les « institutionnels ont mangé le papier » l’objectif des propriétaires de l’entreprise pharmaceutique privée est cette fois de « s’adresser à un actionnariat populaire » .Une démarche illustrée par le fait que le seuil d’accès au capital de l’entreprise a été fixé à l’achat de 5 actions soit un investissement de 6000 dinars. D’ailleurs, ajoute l’expert algérien, « pourquoi organiser des roads – shows s’il n’y avait pas besoin de séduire les petits porteurs » ? Les nouveaux actionnaires feront une bonne affaire en entrant dans le capital de l’entreprise dirigée par la famille Kerrar. C’est en tous cas ce qu’assure Farid Bourenani qui estime que « les évaluations minimum de l’action Biopharm sont proches de 1400 dinars et que les résultats financiers de l’entreprise en 2015 permettent même de la valoriser à plus 1700 dinars alors que l’action est cédée au très bon prix de 1225 dinars ». C’est le moment de casser sa tirelire.
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