Les dernières évolutions dans la situation économique mettent l’Algérie dans une situation semblable à la crise de 1986 marquée par une chute drastique des prix du pétrole et elle aura un « grand impact à tous les niveaux » a indiqué Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH).
Farouk Ksentini dont la structure consultative relève de la présidence de la République a déclaré au journal El Khabar qu’il s’attendait à ce que l’impact de la crise débouche sur des atteintes « aux droits économiques et sociaux des citoyens ».
La chute des prix du pétrole sur le marché mondial va se traduire un recul des recettes de l’Algérie de l’ordre de 60 à 70%, a-t-il souligné. Le gouvernement sera « contraint » de prendre des mesures dures pour « faire à la situation et maintenir l’Etat debout ».
Pour rappel, le gouvernement qui a annulé des projets non entamés nie qu’il engage une politique d’austérité et ne remet pas en cause sa politique de subventions.
Farouk Ksentini est de ce fait le premier « officiel » a évoqué des mesures de rigueur dont le « prix sera payé par le peuple » au niveau de « l’enseignement, la santé, la suppression des subventions aux produits de première nécessité et la réduction des investissements publics ».
Le président de la CNCPPDH exprime sa « crainte » d’une montée des « troubles sociaux » qui pourrait aller jusqu’à menacer, selon lui, la « paix et la stabilité dans le pays ».
La faute à… l’Arabie Saoudite!
Farouk Ksentini justifie implicitement une politique de rigueur en soulignant que l’alimentation, la santé et l’enseignement sont des « droits sacrés » mais, ajoute-t-il, « en cas de nécessité et si l’Etat ne dispose pas de moyens financiers suffisants, il est possible de renoncer à certains privilèges ».
Pour le président de la commission consultative des droits de l’homme, l’Algérie connaît une « crise semblable à celle vécue en 1986 » et la chute des prix du pétrole n’aura pas que des impacts économiques et sociaux.
L’impact sera également politique, a-t-il indiqué dans un parallèle clair avec les émeutes de la jeunesse d’octobre 1988 survenus deux ans après le contre-choc pétrolier de 1986 où les prix du baril sont passés brutalement de 28 dollars à 10 dollars.
Farouk Ksentini, rapporte El Khabar, a dégagé la responsabilité du président et du gouvernement et a accusé l’Arabie Saoudite qui mène une guerre des prix sur le marché sans « tenir compte de son impact sur les pays membres dont l’Algérie ». Il accuse même l’Arabie Saoudite de vouloir « casser l’OPEP aussi ».
Un avis que ne partage pas Boudjemaa Ghechir, ancien président de la LADH (ligue algérienne des droits de l’homme) qui estime que le gouvernement n’a rien fait pour « diversifier l’économie » et que la situation, si elle s’aggrave, pour ramener l’Algérie vers le FMI…