Le (triste) feuilleton grec est-il en passe de rebondir et de reprendre la première place de l’actualité ? On pourrait le penser à suivre la récente évolution d’un processus dont l’origine remonte à 2010.
Depuis quelques jours, plusieurs organes de presse, notamment allemands, annoncent que la Grèce pourrait ne pas être capable de rembourser une tranche de 7,4 milliards d’euros dont le paiement est prévu pour juillet. On imagine sans peine les conséquences d’un tel défaut pour ce pays mais aussi pour l’ensemble de la zone euro.
FMI vs Allemagne
Euclide Tsakalotos, le ministre grec des finances a démenti une telle perspective, assurant que son pays possède les moyens de rembourser. Selon lui, ce qui pose problème, c’est le refus des interlocuteurs de la Grèce de s’entendre autour d’une réduction de sa dette en contrepartie des mesures d’austérité et de rigueur que ne cesse de mettre en place Athènes. Il faut rappeler que cette dette équivaut à 180% du Produit intérieur brut grec, autrement dit 1,8 fois la richesse produite annuellement.
Pour le gouvernement d’Alexis Tsipras, il est important d’alléger cette dette et d’obtenir une aide financière afin de parer au plus pressé. Le contexte intérieur est connu : la paix sociale se détériore, le Premier ministre grec est accusé de ne pas avoir tenu ses promesses électorales de mettre fin à l’austérité et des attentats sporadiques visent des personnalités politiques.
En réalité, la Grèce est prise en étau. D’un côté, le Fonds monétaire international (FMI) est d’accord pour mettre la main à la poche pour l’aider à faire face à son échéance de juillet. Mais, dans le même temps, le grand argentier exige que les Européens s’engagent concrètement à réduire la dette grecque. Pour le FMI, cette restructuration est une condition importante pour permettre la relance de l’économie grecque et le retour à la croissance.
Depuis le début de l’année, l’activité demeure atone et l’on parle même d’une poursuite de la récession alors que la Commission européenne tablait sur une croissance du PIB grec de 2,7% pour 2017 (une prévision qui vient d’être d’ailleurs ramenée à 2,1%).
De l’autre côté, il y a l’Allemagne qui rejette toute restructuration. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, demeure inflexible. Pour lui, la Grèce a plus besoin de croissance que de réduction de dette, cette dernière ne devant subir aucune décote. Cette position est liée au contexte politique allemand où l’opinion publique est partagée quant à cette question de la diminution du passif grec. Or, en septembre prochain, des élections législatives vont avoir lieu et le gouvernement allemand veut éviter qu’une restructuration des créances grecques ne mécontente une partie des électeurs. Il faut rappeler que l’Allemagne est le premier contributeur du Mécanisme européen de stabilité (MES) et que l’idée que les Grecs ont trop longtemps vécu au-dessus de leurs moyens (et qu’ils méritent donc d’être punis) y est très en vogue.
Bras de fer incertain
Du coup, les autorités grecques ont décidé de ne pas se laisser faire. Euclide Tsakalotos a créé la surprise lors du dernier Eurogroupe des ministères des finances en rejetant une proposition européenne. Un rejet motivé par l’absence d’indications concrètes concernant la réduction de la dette de son pays. Il s’agit-là d’une volonté évidente d’essayer de tordre le bras à l’Allemagne avec le soutien tacite du FMI.
Une stratégie risquée mais qui a l’avantage de rappeler une chose : c’est l’Allemagne qui portera la responsabilité d’un éventuel défaut de paiement de la Grèce. Il est certes possible que le gouvernement d’Angela Merkel en tire un avantage électoral mais l’image de son pays en souffrira.