Tout va-t-il pour le mieux en matière de foncier industriel en Algérie? Oui, répond le ministre Bouchouareb comme en écho à l’organisation patronale FCE qui veut faire du sujet le point central du « climat des affaires ». Sur le terrain, des lots distribués ne donnent pas lieu à de vrais investissements et suscitent des suspicions d’accaparement et de détournement.
Le foncier industriel n’est « plus une entrave à l’investissement en Algérie » a déclaré samedi à Ghardaïa le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb en assurant que plus de 8.000 ha a été mobilisés, avec l’appui des walis, pour l’investissement productif à travers le territoire national.
Le propos du ministre intervient près de trois semaines après que le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a laissé entendre, à travers une missive adressée à ses membres que la question de l’octroi des concessions constituera un point prioritaire lors de la prochaine tripartite.
Dans un courrier daté du 5 février, dont Maghreb Emergent a eu une copie, l’organisation patronale demandait à ses membres leur « appréciation concernant l’évolution récente du climat des affaires dans notre pays. Plus particulièrement, la situation de votre entreprise en matière d’accès au foncier industriel (délais de régularisation des concessions déjà obtenues – Obtention de nouvelles concessions – difficultés rencontrées) ».
Des « facilitations d’envergure »
Une focalisation sur le foncier industriel qui n’est pas partagée par le ministre de l’industrie. M.Bouchouareb a même affirmé que les mesures prises sont des « facilitations d’envergure qui ambitionnent d’assurer un environnement économique favorable à l’investissement productif et de garantir une croissance saine et pérenne dans le secteur industriel ont été mises en place ».
L’objectif des pouvoirs publics, a-t-il indiqué, est de créer en premier lieu « de créer les conditions d’une croissance économique durable, où l’investissement privé joue un rôle de locomotive», a-t-il précisé. Il a assuré que les mesures prises vont favoriser l’investissement productif et contribueront « à élever notre pays parmi les pays émergents à l’horizon 2019».
La question du foncier industriel est un thème récurrent chez les organisations patronales qui affirment que de nombreux projets sont bloqués à cause de l’indisponibilité de terrain d’assiettes. La question alimente également des suspicions et des accusations d’accaparement et de détournement.
Suspicions d’accaparement et de détournement
Chafaa Bouaïche, député FFS de Bejaïa qui dénonce régulièrement de cas de pillage du foncier sur sa page Facebook a révélé par exemple que le bénéficiaire d’un terrain sur le littoral à Melbou, dans le cadre d’un investissement l’a tout simplement revendu à l’entreprise NaftaL pour la somme de 27 milliards de centimes (270 millions de dinars)
Par ailleurs, dans une déclaration au journal Echourok datée du 10 février 2017, le directeur général de la finance locale au ministère de l’intérieur, M Azzedine Kerri, a indiqué les Walis ont récupéré 819 lots de terrain attribués dans le cadre du foncier industriel, soit une superficie de 528 hectares. Ces lots récupérés font partie de 7640 lots distribués et non exploités d’une superficie globale de 2317 hectares.
Selon le même article, 1473 bénéficiaires » des lots de terrain ont refusé de les rendre en arguant qu’ils disposaient d’un titre de propriété alors qu’ils n’ont pas réalisé d’investissement. « Le fait que ces gens disposent d’actes de propriété a rendu difficile leur récupération par le gouvernement, ce qui nous a poussé à saisir la justice pour trancher dans le dossier » a déclaré Azzeddine Kerri.