2684 Algériens ont été placés dans les centres de retentions administratives en France au cours de l’année 2016, indique un rapport annuel commun sur les centres de rétention administrative réalisé par cinq ONG.
Le rapport réalisé par Assfam, Forum Réfugiés, France terre d’asile, La Cimade, l’Ordre de Malte et Solidarité Mayotte, a été rendu public aujourd’hui. Selon le document, les Algériens sont les plus nombreux à faire l’objet d’une rétention administrative et représentent 12,4% de l’ensemble des placements soit une hausse de 152 cas par rapport à 2015.
Dans le classement par nationalité, le nombre des Algériens placés augmente d’un point par rapport à 2015 et deux points par rapport à 2014. Les Albanais viennent en seconde position avec 2 467 cas, suivis par les Marocains (2036) et les Tunisiens (1980).
411 cas à Marseille
Sur 2684 cas de rétention administratives 925 ont fait l’objet d’une mesure d’expulsion du territoire français, regrettent les rédacteurs du rapport. C’est à Marseille que l’on enregistre le plus grand nombre d’Algériens placés en rétention : 411 cas. Le séjour illégal est le principal motif de l’enfermement administratif.
Des mises en détention administratives et d’éloignement des Algériens ont été faites sans tenir en compte de l’état de santé difficile de certains cas, déplorent les ONG qui citent des cas concrets.
« Madame X, ressortissante algérienne, enceinte de 4 mois, a été placée en rétention le samedi 14 mai 2016. Elle a été interpellée suite à une suspicion de vol dans un magasin. Le vigile, dans l’attente de l’arrivée de la police, l’aurait frappée à plusieurs reprises. Emmenée aux urgences pendant sa garde à vue, elle apprend qu’elle a perdu son enfant suite aux coups et blessures. Le médecin vu à l’hôpital a tout de même estimé que son état de santé était compatible avec la garde à vue.
Placée en rétention, le médecin du service médical du centre de rétention lui a indiqué qu’une opération pour lui retirer son fœtus mort aurait lieu trois jours plus tard, premier jour ouvré après son placement en rétention. Après 3 jours en rétention et une saisine de la préfecture par notre équipe, la préfecture de police de Paris a procédé à la libération de madame X ».
Un enfermement «massif »
Le rapport cite le cas d’un autre cas d’Algérien expulsé de France alors qu’il souffrait d’une maladie qui ne peut être prise en charge en Algérie. Les six associations signataires de ce 7ème rapport commun partagent une fois de plus le constat d’un recours trop systématique au placement en rétention, donnant lieu à des pratiques abusives et à des situations de violations des droits des personnes enfermées.
« Les placements en rétention sont le reflet de politiques migratoires axées sur le quantitatif, masquant mal des approches à court terme. Ils sont d’ailleurs souvent symptomatiques des impasses ou des carences de ces politiques, que ce soit au niveau national ou européen » soulignent les associations.
Le « nombre de centres de rétention n’a pas diminué en 2016 » note le rapport que le nombre des personnes étrangères enfermées « des hommes, mais aussi des femmes et des enfants accompagnants » est proche de 50000. « Similaire d’une année sur l’autre, il témoigne d’un enfermement qui demeure massif » relèvent les ONG