Dans une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique français, Jordan Bardella, le président du Rassemblement National (RN), a réaffirmé sa volonté d’exclure les binationaux des postes jugés sensibles au sein de l’État. Cette annonce, faite lors d’une conférence de presse lundi à Paris, pourrait avoir des implications significatives pour de nombreux citoyens français, notamment ceux d’origine algérienne.
Bardella, qui pourrait potentiellement accéder au poste de Premier ministre si le RN remportait les prochaines législatives, a déclaré vouloir que « les postes les plus stratégiques de l’État [soient] réservés aux citoyens français et aux nationaux français ». Cette proposition, qui viserait notamment les secteurs de la sécurité et de la défense, est présentée comme un « moyen parmi d’autres de se protéger de tentatives d’ingérence qui pourraient être orchestrées par des États étrangers à l’égard des intérêts français ».
Il est important de noter que parmi les binationaux potentiellement concernés par cette mesure figurent de nombreux Franco-Algériens, ce qui pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations franco-algériennes déjà tendues.
Sébastien Chenu, figure de proue du RN, a précisé que la liste des « emplois extrêmement sensibles » serait définie « par décret ». Cette approche soulève des interrogations quant à l’arbitraire potentiel d’une telle classification et ses implications constitutionnelles.
« Nous n’entendons pas remettre en cause la double nationalité »
Bardella tente de nuancer sa position en affirmant : « Nous n’entendons pas remettre en cause la double nationalité ». Cependant, cette tentative de modération semble en contradiction avec l’essence même de la proposition, qui créerait de facto une distinction entre Français « de souche » et binationaux.
Cette proposition du RN s’inscrit dans une stratégie politique plus large visant à séduire un électorat sensible aux questions d’identité nationale et de sécurité. Néanmoins, elle soulève des questions fondamentales sur l’égalité des citoyens devant la loi, principe cardinal de la République française.
Il est à rappeler que les binationaux sont des citoyens français à part entière, jouissant des mêmes droits et soumis aux mêmes devoirs que les Français mono-nationaux. La proposition de Bardella semble ignorer cette réalité juridique et pourrait potentiellement être considérée comme discriminatoire.