La prise de position du Premier ministre français Manuel Valls en faveur de l’interdiction du burkini (maillot de bain intégral que portent certaines femmes musulmanes) a fait réagir la classe politique française, toute aussi divisée sur cette question qui fait polémique en France.
Dans une interview publiée par le quotidien régional La Provence, M. Valls dit comprendre ces maires (qui ont interdit le burkini) qui « dans ces moments de tension, ont le réflexe de chercher des solutions d’éviter des troubles à l’ordre public ».
Selon Premier ministre français, le maillot de bain intégral n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République.
« Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillot de bain, une mode. C’est une traduction d’un projet politique de contre-société fondée notamment sur l’asservissement de la femme », a déclaré M. Valls tout en appelant les musulmans de France à rejeter « cette vision mortifère de l’islam ».
Une prise de position qui a fait réagir les responsables des différents partis politiques.
La droite, dont les élus de Cannes et Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) sont à l’origine de cette interdiction, félicite Manuel Valls et l’encourage à aller plus loin, tandis que certains responsables de gauche dénoncent une « gestion politicienne » du sujet par le Premier ministre.
« Manuel Valls prend une position courageuse sur le burkini, mais les paroles ne peuvent suffire pour combattre le communautarisme », a déclaré sur Twitter le député des Républicains Eric Ciotti. Son collègue Thierry Solère attend également « du gouvernement qu’il prenne ses responsabilités et interdise le burkini ».
Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite, a estimé sur Europe1 que le burkini était une revendication communautariste qui est contraire à toutes les valeurs et à tous les combats, comme le soutient M. Valls. « J’attends une interdiction de ces habits sur les plages en France », a-t-il déclaré.
Le Front national (FN) réclame aussi l’interdiction du burkini sur les plages françaises « où il n’a rien à faire ». « C’est une question de laïcité républicaine, d’ordre public, assurément mais bien au-delà, c’est l’âme de la France dont il est question », a écrit sur son blog la présidente du FN, Marine Le Pen.
Mais contrairement à la droite, certains responsables de gauche ne sont pas en phase avec Manuel Valls et critiquent sa prise de position. C’est par exemple le cas du Parti communiste français (PCF).
Pour le député « frondeur » PS Benoît Hamon, ce débat sur l’interdiction du burkini est sans aucun doute, « le symbole de l’échec de la classe politique française. « On abandonne la question sociale pour ne parler que de questions identitaires aux classes populaires », a regretté M. Hamon mercredi sur France Inter.
Le Parti chrétien-démocrate dénonce aussi cette interdiction et prévient des difficultés que cela pourrait engendrer.
« On fait fausse route depuis l’interdiction du voile à l’école. Ça a été un point de départ. Depuis on ne fait que des erreurs, (…) on va vers des difficultés énormes quant aux relations entre musulmans et chrétiens », a indiqué à Scan politique la présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin.
La décision des maires de Sisco (Haute-Corse), Leucate (Aude) et du Touquet (Pas-de-Calais) d’interdire le burkini sur leurs plages à la suite des communes de Villeneuve-Loubet et Cannes (Alpes-:aritimes) a relancé en France le débat sur ce maillot de bain intégral.