Réhabilitation immédiate des blocs automatiques des signalisations à l’origine de l’accident de mercredi dernier ; l’intervention imminente du ministre pour assurer l’application des mesures de sécurité pour les conducteurs et les usagers, et la suppression des poursuites judiciaires à l’encontre des mécanos. Telles sont les principales revendications des cheminots grévistes expliquées par Boulemia Haroun, responsable de la coordination de la grève des mécaniciens de la SNTF.
Les mécanos de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) ont déclenché ce matin à 6h30, une grève ouverte, pour réclamer l’intervention immédiate du Ministre des Transports pour assurer la sécurité de leurs personnes, le matériel ainsi que les usagers. « Nous exigeons du Ministère de transport d’assurer les conditions de sécurité de nos conducteurs et de nos clients, et ce, par la réhabilitation immédiate des blocs automatiques de signalisation, défaillants depuis plusieurs années et qui étaient à l’origine de l’accident du 05 novembre dernier», explique à Maghreb Emergent, M. Boulemia Haroun, responsable de la coordination de la grève des mécaniciens de la SNTF.
« La réhabilitation de ces blocs automatiques de signalisation est la première mesure urgente et préalable à toute autre revendication. Cette question récurrente, dépasse le directeur général de la SNTF, vu le coût énorme de cette logistique sophistiquée et la sensibilité de sa technologie. C’est une affaire, qui ne pourrait être résolue, donc, que par l’intervention du Ministre des transports », affirme M. Boulemia. Et d’ajouter : « Le Ministère de tutelle nous a promis de régler cette question en 2012. Et rien n’a encore été fait depuis. Mais cette fois-ci, on est déterminé à ne pas reprendre le travail sans la réparation de ces failles techniques, cela va de la sécurité des personnes ». « N’est-il pas dommage qu’un professeur universitaire perde la vie pour des raisons techniques signalées à maintes reprises ? », s’est-il interrogé.
Pour les conducteurs de train grévistes, ces blocs de signalisation défaillants sont à l’origine de l’accident de train survenu la semaine dernière à la gare Hussein Dey qui a coûté la vie à trois passagers et blessé 93 autres, selon un bilan de la protection civile. « Nous avons les preuves irréfutables que ce sont les avaries de ces dispositifs qui ont provoqué le tragique accident de mercredi dernier. Des preuves que nous allons présenter aujourd’hui au Ministre des transports. Les résultats de l’enquête relayés dans les médias ne tiennent leur solidité d’aucune preuve technique ou officielle », regrette le responsable de coordination de ce mouvement de débrayage.
Suppression des poursuites judiciaires
A travers ce mouvement de grève, les syndicalistes des cheminots réclament la suppression des poursuites judiciaires à l’encontre des conducteurs de train en cas de heurts ou de suicide. « Les conducteurs sont soumis à la loi 75 du code de la route qui stipule la poursuite judiciaire pour homicide involontaire. Nous réclamons l’application de la loi 90-35 du code de la route ratifiée par feu Chadli Bendjedid», précise M. Boulemia. Notre interlocuteur affirme que l’ensemble des conducteurs sont actuellement poursuivis pour homicide involontaire. Des meurtres indépendants de leur volonté car, souvent, ils surprennent des individus suicidaires ou des personnes ivres dans des endroits mal éclairés, la plupart du temps.
Les syndicalistes de la SNTF seront reçus en fin de cette matinée par la direction générale des transports ferroviaires du Ministère des transports. Ce dernier a dépêché ce matin des responsables de sécurité au niveau du dépôt des transporteurs ferroviaires sis à la rue Hassiba Benbouali pour « empêcher les journalistes d’accéder et de prendre les témoignages des grévistes », affirment les agents de sécurité aux portes du dépôt d’El Hama. La Direction générale de l’entreprise n’a pas jugé utile de répondre aux questions des journalistes.
A la gare D’Agha, le personnel administratif, logistique est sécuritaire est sur place. Eux non plus n’étaient pas au courtant de la tenue de cette grève « surprise », selon les témoignages des guichetiers. « Nous sommes venus ce matin, et nous avons commencé par vendre les billets de train. A 6H30, des responsables syndicaux sont venus nous dire d’arrêter de vendre les tickets », témoigne un guichetier.
La grève des mécaniciens de la SNTF a provoqué des embouteillages énormes dans les routes nationales et secondaires reliant la capitale à sa banlieue Est et Ouest. Les voyageurs en provenance des wilayas de Boumerdès, Blida et Bouira, à coté de ceux des dairas « populeuses », de la banlieue d’Alger, se sont rabattus sur les autres moyens de transport, accentuant la pression sur le réseau routier de la capitale.