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Grève des médecins et portes closes à l’hôpital Maillot (Reportage)

Par Maghreb Émergent
mars 21, 2018
Grève des médecins et portes closes à l’hôpital Maillot (Reportage)

 

Il est 10 H du matin. Service urgences de l’hôpital Lamine Debaghine (ex Maillot) situé  à Bab El Oued,  l’un des quartiers les plus peuplés  d’Alger.

C’est le dernier jour  de la saison hivernale, il pleut sur la capitale qui a grise mine, ce matin.  La porte du service d’urgences est fermée. Pas moins de cinq agents de sécurité gardent la porte. Les gens qui souhaitent accéder à la salle de soin sont systématiquement interrogés sur les raisons de leur venue par les agents comme si ces derniers voulaient  juger si les motifs étaient recevables ou pas.

A mesure que le temps passe, des patients arrivent. Dans la salle d’attente quelques personnes grelottent à cause du froid il n’a fait que 7° ce matin à Alger où parce qu’elles sont fiévreuses.

Les agents de sécurité posent toujours leurs questions et attendent les bonnes réponses : « vous allez faire quoi à l’intérieure ? » « Vous êtes malade ou vous accompagnez quelqu’un ? » « C’est pour une consultation ? ».Une fois l’autorisation obtenue, les patients  ont encore devant eux deux autres « épreuves de passage », avant de pouvoir se soigner. Deux agents attendent plus loin.

Il y a encore quelques jours, cette situation de crise n’existait pas. Malgré, leur grève les médecins résidents assuraient le service minimum et les gardes du soir. Mais pas ce mercredi 20 mars au lendemain d’une marche réprimée.

Pour combler le vide laissé par les résidents, les chefs de service ont fait appel  aux internes en médecine (étudiants en 7 eme année médecine). Après la dernière répression qu’ils ont subis, les résidents et par le biais de leur collectif ont décidé  depuis lundi 19 mars, l’application strict de l’arrêt de l’activité hospitalière entre 8h et 16h. Et après  le boycott (grève) du troisième stage interne  qui devait débuter hier par les internes en médecine, les différents services du CHU  Lamine Debaghine sont  vraisemblablement désertés 

Trois étapes avant d’arriver chez le médecin

Nous faisant passés pour un patient,  nous avons réussi à dépasser la première porte des urgences avec cinq autres patients,  les agents ne laissent passer que des petits  groupes. La salle de réception, un petit espace où se trouve un  guichet vitré derrière lequel se tiennent  deux agents et un médecin.  Le malade doit expliquer son état de santé au niveau de ce guichet et doit prouver que son cas est suffisamment sérieux pour pouvoir passer. « Seules les cas d’extrême urgence sont pris en charge », cri le médecin en nous voyant. Une femme enceinte qui souffre de douleurs dans le côté droit de son ventre, un adolescent qui dit avoir fait un accident de vélo, une femme et nous-mêmes avons tous était interdit d’accès. Le médecin  jugeant qu’il ne s’agissait pas de cas urgents  nous oriente vers des polycliniques voisines. « La polyclinique Mira est juste à côté, dans le grand boulevard », dit le médecin visiblement agacé.

Le service radiologie paralysé

Le service radiologie de  l’hôpital Lamine Debaghine « est le plus important du genre à l’échelle national », nous dit un médecin rencontré sur place. L’accès à ce service n’est pas libre. Plusieurs agents sécurisent l’entrée, mais avec l’aide d’un fonctionnaire de ce  même service,  nous avons réussi à entrer. La salle d’attente et les couloirs sont bondés de monde. Les malades y sont venus de plusieurs régions du pays.  Uniquement deux types d’imageries sont fonctionnels. Il s’agit de ; l’IRM cardiologie et du scanner thoracique abdominal. Ce dernier concerne les cancéreux. Un médecin nous a assuré que les extrêmes urgences sont prises en charge.

Dans l’enceinte de l’hôpital, les patients semblent livrés à eux-mêmes dans cette infrastructure qui fonctionne à bas régime à cause de la grève.

Mohamed et Farida, un couple cherchaient un médecin pour leur petite fille malade âgée de 4 mois. « J’essaie de trouver quelqu’un que je connais pour pouvoir faire avancer le dossier de ma fille. Elle est gravement malade et elle doit être opérée », nous a dit Mohamed sur un ton triste. «  J’ai une cousine lointaine qui travaille ici, je la cherche pour demander son aide », ajoute-t-il.  « Nous n’avons pas le choix, le copinage est le seul moyen pour sauver notre enfant avant qu’il ne soit trop tard », nous dit Farida.

Non loin de là,  un groupe d’une vingtaine de personnes a attiré notre attention. Des internes en médecine. Ils se sont rassemblés pour parler de leur grève, ces jeunes futurs médecins, sont inquiets. «  Nous avons commencé notre grève hier, et nous avons déjà reçu des menaces concernant nos rapports de stages qui risquent de ne pas être validés. Nous n’avons pas encore rencontrés nos délégués pour parler de notre mouvement. Mais nous sommes déterminés, nous continueront la grève jusqu’à satisfaction de nos revendications »,  martèle une étudiante.

Nous avons quittons les lieux vers midi laissant derrière nous, des portes fermées, des patients perdus et une grève qui risque de durer.

 

 

 

 

 

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