Le système de subventions généralisées, appliqué en Algérie, est « un système injuste et inefficace qu’il faudrait remplacer », a déclaré à Hafez Ghanem, vice-président de la Banque Mondiale (BM), lors d’un entretien accordé à Maghreb émergent et au Huffington Post Algérie.
D’après M. Ghanem, le système de subventions généralisées encourage les gens à consommer plus et particulièrement ceux qui ont le plus de moyens. « Lorsque le prix de l’essence, par exemple, est couvert par une subvention généralisée c’est surtout les gens qui ont des grosses voitures qui en profitent, et surtout pas la personne qui se déplace à pied », souligne-t-il. A ce propos, il invite le gouvernement algérien à s’inspirer des expériences d’un certains nombres de pays ayant opté pour un système de subventions directes. « Aujourd’hui, il existe des moyens technologiques permettant de cibler les catégories de la sociétés ayant réellement besoin de subventions », explique-t-il. « Il existe des moyens techniques permettant d’analyser rapidement un grand nombre de données pour identifier les familles qui sont le plus dans le besoin », dira-t-il évoquant également l’efficacité des enquêtes de terrain et la possibilité de faire des transferts d’argent directs par cartes magnétiques au profit des familles défavorisées.
Il s’est dit, en outre, favorable à l’application des prix réels de la consommation d’énergies en Algérie, mais à condition de ne pas abandonner le système de protection social.
Il dira, concernant cette question, que le gouvernement algérien est conscient de la nécessité de changer de système de subventions, « même s’il ne semble encore pas avoir une idée arrêtée sur ce sujet ».
Plus généralement, M. Ghanem considère que l’Algérie doit impérativement changer son modèle économique. « On ne peut pas continuer avec un modèle de croissance basé uniquement sur les exportations des hydrocarbures. L’Algérie a besoin de diversifier ses exportations et pas seulement parce que le prix du pétrole baisse. L’Algérie compte un grand nombre de jeunes auxquels la diversification de l’économie pourrait donner plus de choix de travail », précise-t-il.
Concernant le climat des affaires en Algérie, M. Ghanem s’est attardé sur l’importance de l’adoption de nouvelles lois facilitant l’investissement et surtout la mise en application effective de ces lois.
Le vice-président de la Banque mondiale indique, en outre, que lors de son entrevue, mardi, avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, trois questions ont été abordées ; celle de la qualité de l’éducation, « qui pose encore problème au niveau de la région MENA », les investissements dans les infrastructures qui méritent que l’on y implique davantage le secteur privé et la question de la protection aussi bien des couches les plus défavorisées de la société algérienne que de la classe moyenne.