Des pastèques greffées sur la courgette : la technique, introduite massivement depuis plusieurs années, a donné de très mauvais résultats en 2014.
La pomme de terre a de nouveau atteint la barre des 50 dinars sur les marchés de gros en ce début septembre, un palier qu’elle n’avait pas franchi depuis deux ans. Samedi, des opérateurs dans les marchés de gros du centre du pays ont indiqué à Maghreb Emergent que ce produit s’échangeait entre 48 et 50 dinars le kilo, alors qu’au détail, le prix dépassait les soixante dinars. Il s’agit de produits frais, provenant de la région de Tiaret, la seule où il est possible de procéder à la récolte en septembre, en raison de conditions climatiques particulières.
La récolte de Tiaret est toutefois très limitée. L’essentiel de la consommation entre août et octobre, provient de la production stockée entre mai et juillet. Celle-ci couvre la consommation jusqu’à l’arrivée sur le marché de la primeur de l’hiver, début novembre. C’est donc la période la plus difficile de l’année, celle qui voit traditionnellement les prix flamber. Les prix risquent d’aller encore plus haut dans les prochaines semaines, mais un spécialiste du marché estime que les stocks disponibles permettent d’éviter une nouvelle dérive des prix.
Hausse générale des prix
Cette hausse des prix concerne commerçants, propriétaires de chambres froides et consommateurs. Les fellahs, eux, en sont exclus. Ils ont déjà vendu leur production au début de l’été, entre 25 et 30 dinars, pour se consacrer à la prochaine récolte. Celle de Mostaganem est déjà avancée : elle devrait arriver sur le marché fin octobre- début novembre, suivie peu après par celles des grandes régions de production, Chlef, Aïn-defla, Mascara et El-Oued.
Le prix relativement élevé de la pomme de terre a entrainé vers le haut tous les autres produits : la tomate est autour de 50 dinars sur les marchés de gros, les haricots verts au-dessus de 100 dinars. Même l’oignon a dépassé le seuil des 25 dinars sur le marché de gros, alors que la récolte a été abondante.
Par ailleurs, la récolte de pomme de terre de l’été 2014 a été relativement faible. En pleine saison, le produit n’est pas descendu sous le seuil des 25 dinars, ce qui traduit la rareté du produit. Pour les fellahs, ce fut une bouffée d’oxygène : beaucoup d’entre eux étaient au bout du rouleau, après plusieurs saisons de déficit, dû à l’effet cumulé des maladies et des prix très bas.
OGM sans contrôle
La baisse de la production est d’ailleurs partiellement due à une réorientation de nombreux fellahs, qui ont abandonné la pomme de terre pour s’orienter vers d’autres créneaux, plus avantageux, comme les pastèques, ou plus sûrs, comme les céréales. « J’ai traversé cinq saisons de suite de perte », affirme un fellah de Aïn-Defla, qui s’est recyclé dans les céréales. « On gagne moins, mais on est sûr de gagner. Et c’est aussi moins fatigant », dit-il.
L’été 2014 sera également marqué par l’échec d’une innovation technique, celle qui consiste à greffer les pastèques sur des plants de courgette. La technique a été introduite depuis plusieurs années, et s’est progressivement généralisée dans la plaine du Chéliff. Cette fois-ci, pour des raisons non encore expliquées, probablement liées à la qualité des semences, la greffe n’a pas pris, donnant des pastèques de forme et de goût douteux. Ce qui pose d’ailleurs un problème très sérieux, celui de l’utilisation de semences et d’OGM sans qu’il soit possible de dire si les certifications sont disponibles ni si les contrôles préalables nécessaires ont été réalisés.