Ce 28 janvier marque les 400 jours de détention du directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi, à la prison d’El Harrach. Son pourvoi en cassation ayant été rejeté, sa libération ne peut désormais se faire que par une grâce présidentielle.
Arrêté le 23 décembre 2022 à minuit à son domicile par des agents de la GDSI, Ihsane El Kadi a été placé en détention le 29 décembre. Les locaux des médias qu’il dirige ont été mis sous scellés le lendemain de son arrestation.
Poursuivi pour perception de fonds en vue de faire de la propagande politique et de porter atteinte aux institutions de l’État, la cour d’appel l’a condamné à sept ans de prison, dont cinq ans ferme et deux ans avec sursis. Ce jugement est devenu définitif après le rejet de la Cour suprême de son pourvoi en cassation le 12 octobre dernier. La Cour suprême a également rejeté le pourvoi d’Ihsane El Kadi dans une autre affaire intentée par l’ancien ministre de la communication Amar Belhimer, où le journaliste a écopé de six mois de prison ferme pour un article d’opinion.
Malgré les charges graves retenues contre lui, les affaires d’Ihsane El Kadi semblent être des prétextes à des procès politiques. Plusieurs observateurs estiment que son emprisonnement est directement lié à des émissions politiques et à un article d’opinion abordant les élections présidentielles de 2024.
Son arrestation pourrait également être liée à une publication remettant en question le chiffre de 20 milliards de dollars annoncé par le chef de l’État Abdelmajid Tebboune, censé représenter la somme récupérée des fonds détournés par les oligarques, ministres et responsables sous l’ère du président défunt Abdelaziz Bouteflika, surnommés la « Aissaba ».
L’arrestation d’Ihsane El Kadi a provoqué une vague d’indignation en Algérie et à travers le monde. Malgré les appels à sa libération de la part d’intellectuels, de partis politiques, de défenseurs des droits de l’homme, d’organismes de défense des droits humains et de patrons de presse, il demeure en détention.
Des lettres ont été adressées au chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, dont celles d’Amnesty International, de plusieurs intellectuels renommés tels que Noam Chomsky et Annie Ernaux, ainsi que d’un groupe de 16 patrons de presse, dont le lauréat du prix Nobel de la Paix, Dmitri Muratov.
Le dernier appel en date est une lettre ouverte signée par une trentaine de personnalités algériennes, dont l’écrivain Yasmina Khadra et la Moudjahida, figure emblématique de la révolution algérienne, Louisette Ighil Ahriz, demandant au président Tebboune de le libérer.