Par Me. Nasr-Eddine Lezzar, avocat d’affaires
J’ai connu Ihsane, dans une vie antérieure, lors des premiers balbutiements de la presse indépendante au début des années 1990. J’étais candidat à une collaboration avec le journal « La Tribune » où il faisait fonction de rédacteur en chef. Je me rappelle d’un accueil sympathique et amical. J’ai eu avec ce défunt titre une courte collaboration, mais heureuse.
Lors d’une rencontre organisée par l’association RAJ, alors que la presse algérienne vivait une de ses multiples crises, l’existence d’une entité qui défendrait la liberté de la presse se livrait au débat. A l’époque l’association des éditeurs de journaux prétendait à cette mission. Dans son intervention, avec beaucoup de lucidité et de franchise, et quelque part une gêne, Ihsane déclara -à propos des directeurs de titres- que ces anciens journalistes avaient muté en » patrons de presse ». La jeune presse indépendante faisait connaissance avec le marché de la publicité et ses enjeux. On commençait à percevoir, en filigrane, les nuances ou plutôt les antinomies entre » journaliste » et « manager ou directeur de journal ». J’ai eu le temps de vérifier et de valider cette assertion d’Ihsane plusieurs fois plutôt qu’une et je la valide par ces temps plus que jamais.
Ihsane, qu’un article du journal « Le Monde » sur la nouvelle presse avait présenté il y a une vingtaine d’années comme un des journalistes les plus indépendants d’Algérie a su rester obstinément journaliste et résister à la mutation en patron de presse. Il en paye peut-être le prix. Fidèle à ses convictions, Ihsane est aussi fidèle à ses amitiés.
Je me rappelle de sa mobilisation et du soutien qu’il avait apporté à la défunte Baya Gacemi lors des derniers jours de combat que cette femme, grand nom du journalisme algérien, livrait contre la maladie qui l’emporta.