Pour Stephan Silvestre, spécialiste des risques énergétiques, à un cours de pétrole à 50 dollars le baril, »sur un plan strictement industriel, la majeure partie des gisements sont rentables à ce prix ». Seul problème pour les pays producteurs, dont l’Algérie, dont l’économie dépend des hydrocarbures: il faut produire toujours plus pour atteindre la rentabilité.
Pour Stephan Silvestre, professeur à la Paris School of Business, »il n’existe pas d’équilibre parfait entre l’offre et la demande » de pétrole. Un baril trop haut, explique-t-il dans un entretien au site d’information français Atlantico, »pénalise la consommation, ce qui pèse sur l’activité économique », tandis qu’un baril trop bas »met en danger le vaste secteur industriel de l’énergie et les emplois indirects qui en dépendent. »
Cet expert en risques énergétiques souligne que »toutes les tentatives pour canaliser les cours dans une bande raisonnable ont toujours échoué ». Pourquoi? »D’une part en raison d’effets de latence dans la réaction de l’offre aux variations de la demande : le cycle d’exploration-production met plusieurs années à répondre au signal prix, et, d’autre part en raison de l’imprévisibilité des flux financiers : d’énormes masses financière peuvent se déverser ou se retirer des marchés des matières premières au gré des perspectives sur les autres actifs financiers (obligations, monnaies, produits dérivés…). »
L’OPE veut un redressement raisonnable des prix
Pour rappel, en fin de semaine dernière, le brut avait terminé à 50 dollars/baril, alors que celui des 13 bruts du panier de l’Opep était à un peu plus de 45 dollars. Un niveau de prix qui répond partiellement au vœu des pays producteurs d’une remontée des cours et à celui des consommateurs, qui veulent financer à bas coût une difficile reprise économique.
C’est dans ce contexte particulier que vont se rencontrer ce mercredi les ministres de l’énergie des pays membres de l’OPEP, à un moment où l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) revoit à la hausse la demande mondiale pour l’année 2016, qui devrait augmenter de +1,4 million de barils par jour, contre +1,2 précédemment.
Stephan Silvestre estime que les pays de l’OPEP »savent qu’un envol des cours provoque une baisse de la demande », alors que les pays consommateurs, ou »les pays dans lesquels les monarchies du Golfe dépensent leurs pétrodollars, en armements, aéronautique, produits de luxe ou encore en investissements directs (…) ne cherchent pas la chute des cours. » ‘
50 dollars c’est rentable pour tous sauf…
Cet expert relève que par rapport à un cours de pétrole à 50 dollars le baril, »sur un plan strictement industriel, la majeure partie des gisements sont rentables à ce prix ». Seul problème pour les pays-producteurs, dont l’Algérie, dont l’économie dépend des hydrocarbures: il faut produire toujours plus pour atteindre la rentabilité. »Ceux-là prennent la hausse des cours comme une bouffée d’oxygène et ne se plaindraient pas d’une hausse au-delà de 80 dollars le baril. » Mais, pour cela, il faut une entente entre les membres de l’organisation.
L’échec de la réunion de Doha en mars dernier est encore dans les mémoires. Il fait dire à Stephan Silvestre que »pour le moment, ces tentatives d’accord sont restées vaines et l’actuelle dynamique haussière des prix est peu propice à une entente. » Et de poursuivre: »On a vu que les producteurs n’arrivaient déjà pas à s’entendre alors que les prix étaient au plancher, alors s’ils montent, ils n’auront aucune raison de brider leur production au profit de leurs concurrents (pays externes à l’alliance : USA, Canada, Mexique, Norvège, Brésil, Chine…). »