Quelques semaines après la menace des autorités marocaines de ne plus contrôler les flux migratoire vers l’Union européenne, au moins 850 subsahariens, selon des secouristes et les autorités espagnoles, ont pénétré depuis vendredi dans l’espace européen depuis l’enclave espagnole de Ceuta.
Selon la Croix rouge internationale et Amnesty, au moins 850 subsahariens, dont beaucoup ont été blessés dans le rush sur l’enclave de Ceuta, ont pénétré dans l’espace européen entre vendredi et lundi.
»Hier, vers 3h30, près de 600 migrants subsahariens ont tenté d’entrer à Ceuta dont 359 ont réussi », indique dans un communiqué la préfecture de l’enclave espagnole, en territoire marocain, à moins de 50 km de Tétouan.
»Ils sont entrés après avoir cassé les portes d’accès avec des cisailles et des marteaux, et n’ont pas eu à prendre d’assaut la clôture grillagée », ajoute le communiqué de la préfecture de Ceuta.
Cette nouvelle vague migratoire massive de subsahariens vers l’UE à partir du Maroc est la première depuis 2005. Le Maroc, qui a entrepris une seconde campagne de régularisation des subsahariens au cours de l’automne dernier, après celle de 2014, avait complètement démantelé il y a deux ans, les camps érigés par les subsahariens aux abords des villes de Nador, proche de l’enclave de Melilla, et de Tanger et Tétouan.
Un lien avec les menaces marocaines de ne plus contrôler les flux migratoires ?
Les assauts de migrants depuis vendredi sur l’enclave de Ceuta et Melilla, interviennent à un peu plus de deux semaines après les menaces des autorités marocaines de ne plus contrôler les flux migratoires si l’application de l’accord agricole avec l’UE demeure bloquée par Bruxelles.
Le 6 février dernier, Rabat avait pressé l’UE »d’assurer le cadre nécessaire pour l’application dans les meilleures conditions des dispositions de l’accord agricole la liant au Maroc. »
Signé en 2012 après plusieurs rounds de négociations alternativement à Rabat et à Bruxelles, cet accord agricole et sur les produits de la pêche, englobait le territoire du Sahara Occidental, un territoire non autonome, revendiqué par le Polisario, et où l’ONU tente d’organiser depuis 1991 un référendum d’autodétermination, et que le Maroc occupe depuis le retrait de l’Espagne en 1975.
Cet accord agricole avait été dénoncé par le Front Polisario, qui a introduit un recours auprès du Tribunal de l’UE, ce qui a abouti à son invalidation en 2015. Mais, la Cour de Justice Européenne (CJUE) a invalidé fin 2016, la décision du tribunal de l’UE, mais en spécifiant que cet accord n’englobe que les limites géographiques du royaume du Maroc, à l’exclusion du Sahara Occidental.
Dans un communiqué, le ministère marocain de l’Agriculture et des Pêches maritimes avait ainsi prévenu qu’il faut »préserver (cet accord, NDLR) au risque de déclencher de lourdes conséquences au plan socioéconomique, dont l’UE assumera l’entière responsabilité. » Il ajoute que »toute entrave à l’application de cet accord est (…) un véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d’un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir ».