Un nouveau dispositif permettant de négocier des prix plus bas auprès des laboratoires pharmaceutiques étrangers est à l’origine de la baisse de la facture d’importation des médicaments constatée depuis le début 2015, a indiqué à l’APS un responsable au ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière.
« Nous avons adopté une nouvelle méthodologie de fixation des prix, basée sur la comparaison des prix à l’international afin d’obtenir les meilleurs prix en Algérie lors de l’enregistrement des produits, dans le cadre de la maîtrise de la facture des importations », a expliqué le directeur des produits pharmaceutiques au sein du ministère, Ahmed Saïd Fraihat.
En effet, les importations des médicaments sont soumises à des autorisations préalables qui sont délivrées annuellement par le ministère de la Santé qui négocie par ailleurs avec les fournisseurs les prix d’accès, et fixe les marges au niveau de la distribution et le prix final au consommateur.
Les autorités ont donc profité de l’occasion du renouvellement des décisions d’enregistrement des médicaments afin de renégocier l’ensemble des prix des médicaments importés en Algérie, en les comparant à ceux appliqués dans un certain nombre de pays de référence (pays voisins, ceux de la rive Sud de la Méditerranée et certain pays européens).
Cette nouvelle méthodologie a permis d’obtenir une baisse d’au moins 10% par rapport aux marchés européens, précise M. Fraihat ajoutant que les services du ministère veillent à ce que les prix en Algérie restent les plus avantageux dans la région.
Toutefois, cette nouvelle démarche n’a aucun impact sur les délais de délivrance des autorisations d’importation et ne peut pas entraver l’approvisionnement du marché, a souligné le directeur.
« Notre démarche n’a causé aucune lenteur. Bien au contraire, pour la première fois depuis la création du système de l’enregistrement, nous sommes à jour en matière de renouvellement des décisions d’enregistrement », a-t-il encore soutenu expliquant que plus de 1.000 produits avaient bénéficié du renouvellement durant les sept premiers mois de 2015.
Pour ce faire, le comité économique chargé de cette mission, se réunit désormais une fois par semaine, au lieu d’une fois par mois comme prévu, ce qui « reflète une volonté de maîtriser la facture des importations, sur instruction du ministre qui a demandé de consentir un effort particulier pour mettre à jour tous les dossiers en attente ».
Ce comité s’est renforcé dernièrement par des représentants du ministère du Commerce et celui des Finances, ainsi que ceux des Douanes.
La baisse des importations n’entraînera aucune pénurie
En outre, le directeur a affirmé que la baisse de la facture d’importation des médicaments n’aura aucune répercussion sur la disponibilité des médicaments sur le marché nationale.
Selon lui, la facture tend naturellement vers l’augmentation vu la croissance démographique, l’amélioration de l’espérance de vie et des moyens de diagnostic. L’objectif des autorités publiques est donc de « maîtriser cette facture sans pour autant compromettre la prise en charge des citoyens ». « Notre politique consiste à donner toute les chances au patient de bénéficier d’un traitement. Tous les prescripteurs en Algérie ont à leur disponibilité les médicaments nécessaires même les plus innovant mis récemment sur le marché internationale », a-t-il insisté.
Il ne s’agit ni d’une mesure d’austérité ni de coupes au détriment de la santé du citoyen, a-t-il poursuivi expliquant que cette action s’inscrit dans le cadre d’une politique nationale de rationalisation des dépenses.
« L’accès aux médicaments est garantie. Toutes les mesures nécessaires pour sécuriser l’approvisionnement du marché sont prise », souligne t-il. Pour réaliser son objectif de maîtrise de la facture d’importation, le ministère de la Santé s’appuie sur deux « leviers » essentiels: la promotion des médicaments génériques qui représentent actuellement près de 70% du marché et la promotion de la production locale. Outre les mesures d’accompagnement et d’encouragement, la production locale bénéficie d’une protection des autorités publiques qui interdisent l’importation des produits fabriqués localement.
La liste de produits interdits d’importation est établie à partir des demandes des laboratoires nationaux capables d’approvisionner le marché national en quantité suffisante. Les besoins du marché doivent être couverts par au moins trois producteurs qui doivent justifier la possession de stocks suffisants de matières premières, a noté M. Fraihat.
Depuis 2011, la liste comprend 252 produits contre 50 en 2008. Elle devrait compter prochainement 117 produits supplémentaires, a-t-il fait savoir.
La facture d’importation des médicaments à usage humain s’est chiffrée durant les sept premiers mois de 2015 à 947,49 millions de dollars (14.730 de tonnes) contre 1,36 milliard de dollars (15.126,47 de tonnes), soit une baisse de près de 30,4% en termes de valeur et de 2,62% en termes de quantité.