Au Maghreb, l’indice de perception de la corruption reste important. Aucune grande avancée notable, en dépit des politiques publiques déclarées et annoncées pour combattre le fléau. Le rapport 2016 de Transparency International le confirme.
Il y a d’abord l’Algérie, la mal classée, tout aussi que l’Egypte, qui pointent à la 108e position sur 176 pays. Dans son rapport 2016 rendu public le 25 janvier, Transparency enfonce encore l’Algérie, qui n’a pas fait d’efforts, selon elle, pour améliorer la gouvernance et lutter plus efficacement contre le fléau de la corruption. » Le score et le classement désastreux de l’Algérie en 2016 – une énorme marche arrière -, illustre on ne peut mieux non seulement l’absence de volonté politique à lutter contre la corruption, mais plus grave, ce score et ce classement sont le résultat de la politique de fuite en avant du pouvoir en place », estime l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC). Le Maroc, n’avance pas par contre, et est classé à la 90e place, avec un score de 37 sur 100. L’année dernière, il était 88e sur 168 pays avec un score de 36 sur 100. Par contre, la Tunisie est la mieux classée, avec une 75eme place mondiale, selon le classement de Transparency. Le Maroc, où la corruption est un phénomène de société, a mis en place une stratégie nationale et des initiatives pour combattre la corruption, dont un numéro vert et un portail électronique «stopcorruption». Plusieurs affaires de corruption relevées par la Cour des comptes ont été présentées devant la justice.
Pas assez
Mais, ce n’est pas assez. Une enquête locale réalisée par l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) en 2015 indique que 75% de la population marocaine estiment que »le phénomène de la corruption perdure ». Mieux, »89% des citoyens questionnés estiment que la situation se détériore et 72% se disent insatisfaits de l’action gouvernementale en matière de corruption. » Le gouvernement a lancé un vaste programme national de lutte et d’éradication de la corruption, mais, selon Transparency Maroc, il n’avance pas. Ce programme a été lancé officiellement le 3 mai 2016, et intitulé Stratégie nationale de lutte contre la corruption. Dix programmes comprenant 239 projets ont été mis en oeuvre, le gouvernement prévoyant de réduire le taux de perception de la corruption à 45% à l’horizon 2025.
Un programme, de l’argent
La réalisation de ce vaste programme va mobiliser un budget de 1,8 milliard de Dirham, et un premier budget de 840 millions de Dirhams (MDH) avait été arrêté pour la 1èere phase qui devait s’étendre jusqu’à fin 2016. La 2eme phase, qui va de 2017 à 2020 nécessite un budget de 937 MDH, alors que la 3eme (2021-2025) va mobiliser 18 MDH. La première phase de ce programme est la plus importante, car elle conditionne la réalisation des deux autres. Dans le pipe, il y a 174 projets, soit près de 73% du total du programme, et portent sur plusieurs domaines, dont la bonne gouvernance, la prévention, la répression, la communication et sensibilisation et la formation. Vaste chantier pour l’éradication d’un fléau social au Maroc: tous les ministères sont concernés par ce programme »mains propres ».