Les experts de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA) ont exhorté les dirigeants du continent à donner plus de considération à l’intégration régionale et relever les défis pour rendre effective la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Selon Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, « les pays africains ont fait des progrès louables dans la mise en œuvre du programme d’intégration régionale et de la promotion du commerce intra-régional, mais il reste encore du travail à faire pour accélérer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la ratification du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de Résidence et d’établissement.
Lors de son intervention à l’occasion de la présentation du rapport sur l’évaluation des progrès en matière d’intégration régionale en Afrique, en marge de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique à Addis-Abeba, Stephen Karingi a souligné que « les États membres devront relever les défis de l’intégration, notamment de l’insuffisance des ressources financières ; des réseaux d’infrastructures médiocres ; de l’augmentation de la violence, du terrorisme et de l’instabilité politique ».
En outre, le programme d’intégration connaît une mise en œuvre lente des politiques et des accords. Par exemple, le Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement doit être ratifié car « il constitue le fondement du renforcement de l’intégration parce qu’il interagit avec la capacité de déplacer des biens et des services et contribue à optimiser la ZLECAf », a-t-il ajouté.
Le rapport présenté, qui est basé des outils de suivi, y compris des indicateurs élaborés par la CEA, la Commission de l’Union africaine et la Banque africaine de développement, a été présenté aux experts réunis avant le segment ministériel des 20 et 21 mars.
Selon Karingi, la CEA a développé un prototype de modèle macroéconomique et fourni un appui et une formation dans 15 pays afin de soutenir les États membres dans la formulation et la mise en œuvre de leur politique économique et de renforcer l’intégration macroéconomique. Sur le plan budgétaire, la CEA a soutenu la réforme de la politique fiscale et le recouvrement des recettes en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Zambie.
Secteurs des infrastructures et de l’énergie
L’Afrique reste contrainte par d’énormes déficits d’infrastructures dont le besoin de financement annuel est estimé entre 130 et 170 milliards de dollars, et le déficit de financement annuel compris entre 68 et 108 milliards de dollars. Les technologies de l’information et des communications, qui constituent un moteur important de l’indice de développement des infrastructures en Afrique, ont connu des progrès en matière d’accès. La pandémie a accéléré la numérisation en Afrique qui en retour a créé un plus grand potentiel de croissance du commerce et des entreprises.
« La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont cependant aggravé les déficits publics et le fardeau de la dette, ce qui a réduit les investissements dans les infrastructures en Afrique », affirme Karingi.
La hausse des prix de l’énergie, exacerbée par la guerre en Ukraine, a mis à rude épreuve les pays africains, en particulier ceux qui sont importateurs nets d’énergie. La demande énergétique de l’Afrique est principalement tirée par le Nigéria, l’Afrique du Sud et les pays d’Afrique du Nord.
Les participants du Burkina Faso, du Tchad, de la Tanzanie, de la Côte d’Ivoire et de la Tanzanie ont fait part de leurs préoccupations concernant l’aggravation de l’insécurité, la médiocrité des infrastructures et le coût élevé des communications transfrontalières qui entravent le processus d’intégration.
Antonio Pedro, Secrétaire exécutif par intérim de la CEA, déclare que les efforts de collaboration, venant y compris des Nations Unies, de l’Union africaine et des Communautés économiques régionales, ont continué d’être déployés pour répondre aux menaces à la paix et à la sécurité, participer à la gestion et à la résolution des conflits, et endiguer la vague de terrorisme et de coups d’État sur le continent, mais avec des résultats mitigés.
En Afrique de l’Ouest et dans la région élargie du Sahel, dit-il, la CEA, par l’intermédiaire de son Bureau en Afrique de l’Ouest en partenariat avec l’Union africaine, la CEDEAO et d’autres acteurs clés, continue de lutter contre la propagation de la violence, le terrorisme et le trafic de drogue tout en mettant en valeur les opportunités qui s’offrent à la région.
« Pour favoriser l’intégration régionale sur le continent, la CEA continuera de donner la priorité au soutien qu’elle fournit aux États membres, aux Communautés économiques régionales, à la Commission de l’Union africaine et au secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine en vue de la mise en œuvre de la zone de libre-échange », indique Pedro.