Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a critiqué vendredi 21 octobre la presse électronique, l’accusant notamment de semer « des idées subversives » voire de « s’attaquer ouvertement » à l’Algérie, et a souhaité sa « régulation » future.
Dans une lettre adressée la veille de la journée nationale de la presse, le chef de l’Etat a parlé des médias en ligne de façon anxiogène. Il a estimé que la presse électronique constitue « un défi fondamental pour la corporation de la presse algérienne et pour l’Algérie tout entière ».
Ce défi, a-t-il ajouté, engage également la presse écrite du fait que les médias en ligne « réduisent son marché ».
« C’est un défi pour l’Algérie tout entière du fait qu’elle (presse électronique) provient souvent de pays étrangers et permet de diffuser des insinuations calomnieuses et injurieuses, de semer les idées subversives voire de s’attaquer ouvertement et sans aucun scrupule, à notre peuple et à notre pays », a estimé le président Bouteflika sans plus de détails.
Pour lui, les médias en ligne font désormais « l’objet de réflexion pour sa régulation dans d’autres pays ». Il a souhaité que les journalistes, les responsables de l’Etat et la société civile parviennent à « réfléchir ensemble à cette question dans notre pays ».
Un problème de contenu?
Il n’est pas clair si M.Bouteflika parle de l’hébergement ou du contenu quand il estime que la presse électronique « provient souvent de pays étrangers ». La plupart des médias électroniques en Algérie sont hébergés à l’étranger, en raison du retard qu’accuse le pays en matière de technologies de l’information.
Ce retard implique également un faible taux de contenu algérien en ligne comparé aux flux de l’information venus de l’étranger.
« Le pouvoir est le premier responsable de cette situation. Les sites algériens sont étranglés. Ils ne sont pas reconnus officiellement et n’ont pas droit à la publicité publique », a affirmé le directeur d’une publication électronique.
« Si la régulation de la presse électronique signifie son interdiction, on n’ira nulle part », a déclaré un acteur de la presse électronique algérienne dans une réaction à chaud à la lettre du président Bouteflika. « Seule la liberté et un vrai encouragement de l’État permettra de relever le défi des contenus », a-t-il ajouté.
Répondant aux accusations de diffamation et de diffusion « d’insinuations calomnieuses », la même source a estimé que la lettre du président confond les médias en ligne et les réseaux sociaux.
« Les journaux électroniques sont adossés à des sociétés enregistrées et pour la majorité sont des entreprises de droit algérien. Ce qui s’écrit sur les réseaux sociaux n’est pas leur fait », a-t-il encore expliqué.