Selon l’économiste Kamel Kheffache, il s’agit d’améliorer le climat des affaires d’une part, et promouvoir la destination Algérie à travers des stratégies visant les partenaires économiques les plus rentables.
On parle souvent de forums d’affaires entre l’Algérie, qui est économiquement très faible et des puissances économiques comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Chine, etc. Qu’est-ce que l’Algérie peut concrètement tirer de ces forums ?
L’objectif visé par les forums d’affaires est de renforcer les contacts et de créer des opportunités de partenariats d’affaires interentreprises. Ils permettent également de traiter des sujets d’intérêt communs, à travers des discussions pour des échanges d’expériences et de solutions. Comme nous le savons tous, notre pays traverse depuis juin 2014 une crise qui a impacté notre économie. Pour relancer le secteur de l’industrie nationale, en partenariat avec les investisseurs étrangers et promouvoir la destination Algérie, les opérateurs économiques, avec le soutien des pouvoirs publics, doivent initier des activités en vue de booster les investissements. Parmi ces initiatives, il y a l’organisation de forums. Organiser ce type d’événement peut permettre aux hommes d’affaires algériens d’amorcer des partenariats potentiels au cours des rencontres B2B, avec leurs homologues étrangers, afin de développer des alliances technologiques, financières et commerciales.
Des dizaines de forums d’affaires se tiennent en Algérie depuis des années mais, sur le terrain, l’Algérie continue à importer l’essentiel de ce qu’elle consomme et ses exportations continuent de se limiter aux hydrocarbures et leurs dérivés ainsi quelques produits agroalimentaires. Pourquoi ses forums ne donnent pas de résultats probants ?
En effet, ces dernières années, notre pays a organisé toute une série de forums avec différents pays, mais sur le terrain, leur impact est insuffisant pour combler le déficit en investissements de nos entreprises en partenariat avec des étrangers. Participer à un forum nécessite une préparation. Tout d’abord, il faudra identifier les secteurs prioritaires, où nous avons des atouts et des avantages compétitifs et attractifs pour les investisseurs étrangers. Certaines nations perçoivent que notre pays présente des avantages compétitifs pour attirer les investissements étrangers (une position géographique compétitive et attractive pour les investissements, une main-d’œuvre jeune de plus en plus abondante et compétente et à faible coûts, d’autres facteurs de production tels que l’énergie à des coûts très faibles, des incitations fiscales avantageuses, un climat économique et social stable, des infrastructures de base plus ou moins développées et un marché local favorable. Mais, cette compétitivité n’a jamais été démontrée par une étude exhaustive la comparant à d’autres pays un. Cette étude est nécessaire au préalable, elle consiste en une analyse rigoureuse du positionnement concurrentiel de l’Algérie dans les principaux secteurs d’activité en identifiant les produits à fort potentiel.
Le fait que des forums d’affaires soient organisés avec tous les pays, cela veut-il dire que l’Algérie n’a pas de stratégie particulière et agendas précis, avec des priorités, en matière de partenariat économique ?
Comme nous l’avons souligné précédemment, il faudra tout d’abord réaliser un « benchmarking », puis ensuite concevoir une stratégie et établir un agenda avec des priorités en matière de partenariat économique. Il faut comparer notre pays aux pays voisins (Tunisie, Maroc) et autre pays émergents (Pologne, Roumanie, Turquie, …) et étudier les pays les plus indiqués en matière d’Investissement (Etats-Unis, Grande Bretagne, Chine, France, Allemagne, Italie, Espagne). Ce sont les résultats de l’étude en question qui déterminera la stratégie à adopter, le planning à mettre en place ainsi que les priorités en matière de partenariat économique.
Qu’est-ce que l’Algérie doit faire sur les plans économique, politique et diplomatique pour tirer profit de ses échanges avec les puissances économiques de ce monde ?
Comparativement à certains pays attractifs en matière d’investissement, l’environnement économique de notre pays est stable et à faible risque. Pour tirer profit de ses échanges avec les puissances économiques de ce monde, il y lieu de doubler les efforts tant sur le plan économique, que sur les plans politique et diplomatique.
Sur le plan économique, il est recommandé d’améliorer le climat des affaires notamment en matière d’attractivité des investissements étrangers et mettre à niveau les entreprises locales pour les rendre plus compétitives et plus performantes pour réussir la négociation de partenariat économique gagnant-gagnant pour arriver à transformer ces opportunités en réalités et donc à accélérer les investissements dans notre pays en partenariat avec les étrangers, et c’est possible. Les forums d’affaires sont des outils efficaces pour présenter une entreprise à des partenaires potentiels et à de nouveaux marchés.
Il est de même, sur les plans politique et diplomatique, nos pouvoirs publics sont appelés à doubler les efforts pour promouvoir la destination Algérie en mettant en places des stratégies de communication et de marketing institutionnel en visant les partenaires économiques les plus rentables.