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Khaled Drareni : une « affaire Dreyfus » voit-elle le jour en Algérie ?

Par Maghreb Émergent
août 14, 2020
Khaled Drareni : une « affaire Dreyfus » voit-elle le jour en Algérie ?

Pratiquement une semaine après la condamnation du journaliste algérien et l’une des figures médiatiques du « Hirak » Khaled Drareni, à trois de prison ferme pour « incitation à un rassemblement non armé » et « atteinte à l’unité nationale » par le tribunal de Sidi M’hamed, les réactions et commentaires se sont enchaînés tous azimuts.

La dernière en date est celle du ministère de la Communication, qui s’est exprimé jeudi sur le cas de Drareni, et dont les déclarations ont été relayées par l’APS.

Selon le ministère, « Khaled Drareni n’a jamais été détenteur de la carte de presse professionnelle prévue par l’article76 de la loi organique 12-05 relative à l’information du 12 janvier 2012. »

Le département de Ammar Belhimer ajoute qu’ « aucune demande n’est parvenue à cet effet aux services compétents du ministère de la part de Khaled Drareni. »

D’autre part, il est rappelé à l’attention des algériens que le fait de s’installer comme « correspondant de fait » auprès de média étrangers est en soi une entorse à la loi. « Comme nous avons déjà eu l’occasion de le rappeler s’agissant de l’ambivalence de la relation de travail avec certains organes employeurs étrangers, certains journalistes s’installent comme « correspondants de fait » – non accrédités selon les procédures en vigueur – d’organes étrangers, et entretiennent une sorte de « loi du fait accompli » qui les expose à plusieurs risques dont le premier, et non des moindres, est qu’ils ne sont pas reconnus comme correspondants. » explique le ministère.

Or, cette imbrication des faits que présente le ministère de la communication souffre une subjectivité, dans la mesure où elle témoigne d’un traitement de l’affaire, suivant le diktat de l’ornière du « deux poids, deux mesures ».

D’une part, la loi algérienne est claire concernant la définition du métier de journaliste. l’article 73 chapitre I du code de l’information ( Loi organique n° 12-05 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012) précise que : « Est journaliste professionnel, au sens de la présente loi organique, toute personne qui se consacre à la recherche, la collecte, la sélection, le traitement et/ou la présentation de l’information, auprès ou pour le compte d’une publication périodique, ou d’une agence de presse, d’un service de communication audiovisuelle ou d’un moyen d’information électronique, et qui fait de cette activité sa profession régulière et sa principale source de revenus.»

D’autre part, parce qu’il n’existe aucun cas de jurisprudence connu qui a fait que le travail de journaliste, aussi nombreux soient ils, non détenteurs de la fameuse carte de presse professionnelle, ait été remis en question. Le parcours de Khaled Drareni, faut il le rappeler, n’est pas celui d’un néophyte au sein de la grande famille du journalisme algérien. L’ancien présentateur du journal télévisé de la chaîne Canal Algérie est passé par le service public, avant de poursuivre sa carrière chez Echourouk TV, entre autres. Comment se fait-il alors que ce « détail » ne soit pris en considération qu’au moment de son procès ?

L’autre argument qui amplifie le sentiment de « légèreté » contenu dans les déclarations du ministère de la communication, vient de la bouche du jeune journaliste condamné à une affligeante peine de prison. En effet, Khaled Drareni a déclaré pendant son procès le 4 août dernier, lors de la séance des questions/réponses avec la juge, qu’il était un « collaborateur » et non un « correspondant » de certaines chaînes étrangères. Durant cet échange avec la magistrate, Khaled Drareni explique clairement qu’il est collaborateur (pigiste), de la chaîne de télévision TV5 Monde uniquement et qu’il intervient entant qu’invité sur d’autres chaînes de télévision européennes, arabes et africaines.

Là encore, il s’agit d’une pratique largement répandue dans le monde du journalisme, notamment depuis l’apparition des fameuses « chaînes d’info en continu ». Pourquoi donc un tel grief lui serait reproché à lui plutôt qu’à d’autres ?

L’intervention du ministère de la communication est conclue par une argumentation « ad hominem », soutenant que « les journalistes en question doivent savoir que les pays des médias qui les emploient n’auraient jamais toléré de telles pratiques sur leurs sols respectifs».

Massivement soutenu au niveau national qu’international, Khaled Drareni reste néanmoins le symbole vivant d’une génération de « quadras » algériens, dont l’incommensurable envie d’émancipation de certaines pratiques à bout de souffle, a été consacrée de manière impétueuse, un certain 22 février 2019. De ce fait, la réhabilitation inéluctable du jeune journaliste n’en sera qu’une preuve supplémentaire !

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