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Maghreb

Khaled Nezzar : « Il n’a jamais été question de confier la présidence de l’Etat à Ait Ahmed »

Par Yazid Ferhat
janvier 10, 2016
Khaled Nezzar : « Il n’a jamais été question de confier la présidence de l’Etat à Ait Ahmed »

Khaled Nezzar devait- devant l’histoire- confirmer qu’il n’a jamais proposé le poste de président de l‘Etat à Aith Ahmed, et qu’il n’a pas réagi aux déclarations et aux vidéos à temps, par respect pour la famille du défunt.

 

Le général à la retraite Khaled Nezzar a démenti catégoriquement lors de la conférence de presse tenue ce 09 janvier à Alger, avoir  proposé à feu Hocine Ait Ahmed, le poste du Président de l’Etat en 1992. « Il n’a jamais été question de confier la mission de président de l’Etat à feu Ait Ahmed », n’a-t-il cessé de répéter, en confirmant que cette mise au point est « une nécessité historique ». Khaled Nezzar  rappelle avoir rencontré l’ancien président du FFS à deux reprises  avant et après  la démission officielle de Chadli Bendjdid en janvier 1992, pour discuter de la crise politique que traversait l’Algérie et lui avoir envoyé le Général Mouhamed Touati postérieurement en Suisse pour l’inviter à rejoindre la transition démocratique.

«  Lorsque Chadli Bendjedid m’a fait part de sa volonté de démissionner en décembre 1991, j’ai invité Hocine Ait Ahmed au même titre que d’autres responsables politiques et représentants de la société civile pour les informer de la nouvelle et leur faire comprendre que nous étions devant une situation de vide constitutionnel et que nous nous apprêtions à entrer dans une crise politique », a-t-il raconté. Khaled Nezzar, l’un des artisans de l’arrêt du processus électoral en 1992, avoue que l’Algérie était à court de solutions à ce moment là, et lorsque le pouvoir politique « s’est déchargé de ses fonction en faisant appel à l’armée ». Il a -en sa qualité de ministre de la Défense- créé une cellule militaire chargée de la réflexion  à la nouvelle configuration politique et de « prise de mesures nécessaires pour la préservation la sécurité de l’état ». Il  a ensuite fait appel à Ait Ahmed en premier lieu. «  La première personnalité politique que j’ai contactée le soir de la démission de Chadli Bendjdid était Ait Ahmed. Il sortait d’une réunion du comité central du FFS. Il est venu, accompagné de deux personnes que je ne connais pas,  l’air très affecté par ce qui venait de se produire. « En entrant, si l’Hocine m’a lancé : C’est un coup d’état militaire ! Il a répété quatre fois », a-t-il dit, et de poursuivre : «  La deuxième fois que j’ai vu Ait Ahmed, était pendant les 15 jours qui suivirent cette démission de Chadli. Nous nous sommes rencontrés dans le jardin de Dar El Afia. Il m’a demandé à ce moment-là de revenir au processus électoral, en concluant : Ce qui est fait est fait ! J’avais compris la portée de son message ».

Chadli Bendjdid a démissionné de son propre gré

Khaled Nezzar ne pouvait raconter ces rencontres  avec Ait Ahmed sans évoquer le contexte ;  la démission de Chadli Bendjdid le 12 décembre 1991. «  Ce qui s’est passé n’était pas un coup d’état militaire et Chadli Bendjdid a démissionné de son propre gré », a-t-il insisté.  En informant qu’il avait rencontré Chadli Bendjdid à quatre reprises avant sa démission, l’ancien ministre de la défense  explique que l’ancien président de l’Algérie l’avait rencontré trois fois  pour étudier l’accélération des évènements, et a insisté pour le voir une quatrième fois –après l’annonce des résultats des législatives de décembre 1991, pour l’informer de sa décision de quitter le poste de président de la République «  Je me suis rendu chez lui cette quatrième fois en compagnie du Général Djanouhat. Il m’a alors dit : J’ai décidé de partir et la solution à cette crise actuelle incombe à l’armée. C’est à l’armée d’agir ! », a-t-il dit.                                                                                                                                                                                                                               

Le général Touati se prononcera dans les prochains jours

Les contacts qui suivirent entre l’ancien ministre de la défense et Hocine Ait Ahmed se sont faits par le truchement du Général Mohamed Touati. «  Nous étions obligés de préparer la période de transition démocratique vers la fin de la période du Haut Comité d’Etat ( HCE) et j’ai envoyé le Général Touati en Suisse à deux reprises pour demander à Ait Ahmed de rejoindre la transition démocratique – Une transition qui s’est réellement produite- Mais Ait Ahmed a décliné ces invitations. Nous avons ensuite tenté de discuter d’autres solutions. Mais je ne lui à aucun moment proposé de prendre la présidence de l’Algérie. Comment pourrais-je le lui proposer alors que nous n’avions pas encore organisé d’élections ? », s’est-il interrogé en annonçant que le général Touati se prononcera dans les prochains jours pour parler de ces rencontres avec Ait Ahmed en Suisse.

« Je n’ai pas réagi à temps par respect pour sa famille »

Khaled Nezzar dit avoir été surpris par la vidéo montrant qu’il aurait proposé à Ait Ahmed de prendre la présidence de l’Etat. « Nous voyons très bien que cette vidéo est truquée. Il s’arrête au moment même où j’ai dit qu’on avait proposé son nom. Mais moi je parlais de Boudiaf, car le HCE l’avait proposé pour présider l’Algérie », explique-t-il. Une proposition que feu Mohamed Boudiaf avait acceptée en deuxième temps pour des motivations que le général Nezzar pense «  familiales ». Khaled Nezzar informe à cette même occasion que le nom de Boudiaf avait été proposé même avant la démission de Chadli. « Nous avons proposé la présidence à Boudiaf et non pas à Aith Ahmed, pour des raisons liées à leur parcours politiques respectifs », a-t-il clarifié.  Le général à la retraite a ensuite dit  que ces passages de vidéos sont extraits du fameux film « Qui tue Qui ? de José Garçon. A ce propos, le général Nezzar dit «  Laissez-les parler. Ils n’ont rien pu démontrer lors de ces deux procès et ils ne pourront rien démontrer ». Nezzar explique enfin qu’il n’a pas réagi aux déclarations affirmant qu’il avait proposé la présidence à Ait Ahmed, ni aux vidéos « truquées », car  il en a pris connaissance au moment du décès de Hocine Ait Ahmed, et qu’il a préféré prendre le temps du deuil par respect pour sa famille. « Je n’ai pas jugé le moment opportun de réagir quand je venais d’apprendre la nouvelle. J’ai préféré laisser le temps du deuil pour respect pour sa famille. Et je ne  le démens pas quand il a déclaré que je lui ai fait cette proposition. Je dis simplement qu’il n’a peut être pas compris mes messages ».

Nous militaires, sommes prêts à rendre des comptes

Khaled Nezzar dit que la situation dramatique qu’a connue le pays dans les années 1990 tient son origine des premières heures de l’indépendance : « Nous nous sommes disloqués et éparpillés en 1962, et nous n’avons rien construit par la suite, c’est pour cela que nous n’avons pas pu couper le cordon ombilical avec la France. Les années 1990 étaient les résultats de la sédimentation des erreurs depuis l’indépendance. Mais je reste optimiste, et j’estime que l’Algérie a toutes les ressources pour décoller », a-t-il dit. Khaled Nezzar conclut en disant que l’armée est prête à être jugée et à rendre des comptes pour tous ceux qui s’est passés pendant la décennie noire :« Nous les militaires, sommes prêts à rendre des comptes et à être jugés ».

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